Pastorale américaine

Quelle Amérique, si ce n’est celle des faux-semblants ? Le vernis d’un mode de vie à l’américaine rêvé s’écaille si vite dans la plume de Roth, qu’il semble ne jamais avoir fallu y gratter pour que le chaos et la fange ne finissent par s’y révéler. Un crépuscule américain génial - bien que le livre s’essouffle sur sa fin - qui appelle à découvrir Philip Roth et la littérature américaine, rien que ça.

On retrouve dans ce récit des éléments communs à d'autres romans de Roth : le narrateur Zuckerman-l'écrivain à Newark et le quartier de Weekahic. On y retrouve aussi des thèmes chers à l'écrivain américain : l'importance du corps ; santé et maladie, puissance et vulnérabilité, jeunesse et vieillesse ; la famille, l'identité juive, le racisme ;  le superficiel, les lieux communs, les apparences opposés à la mélancolie, la douleur, le désarroi, le deuil ; les destins individuels dans l'histoire américaine ; l'histoire, la mémoire. L'humour, contrairement à d'autres romans de Roth, est ici quasiment absent : la critique sociale y gagne en férocité, le livre étant une description sans concessions de la déliquescence de la société américaine et de ses valeurs, et donc une critique de nos sociétés occidentales. Le style d'écriture est dense, allant dans les détails sans perdre de vue l'ensemble : il y a comme un noyau à atteindre après avoir soulevé patiemment les différentes pelures qui l'enserrent, ce que fait Roth avec grand art. Un grand roman américain de la fin du XXème siècle.

"Pastorale américaine" nous offre un regard anthropologique sans concession de l'auteur (ou plutôt son double) sur l'Amérique contemporaine du XXe siècle, à travers un récit poignant et ambitieux. Le tout, servi par un style limpide et rythmé qui fait les grands succès de l'oeuvre de Monsieur Roth.

C'est l'histoire du Suédois, le héros du lycée, fort en sport, beau, gentil, qui épousera la miss New Jersey 1949, avec qui il aura une petite fille, Mary. C'est l'histoire d'une Amérique en pleine chasse aux sorcières communiste, la guerre du Vietnam, la lutte pour les droits civiques. Sous le vernis de la famille parfaite, celle des films et des séries, tout est loin d'être si brillant. Comme souvent, il est un âge où les enfants sages se rebellent contre leurs parents, un peu trop bourgeois, un peu trop conformistes, et parfois les choses vont loin, trop loin... Philip Roth est un incroyable passeur de cette époque bouleversée et bouleversante. Il sait la raconter comme personne et j'ai toujours l'impression de pénétrer dans des intimités, personnelles et historiques sans même m'en rendre compte !

Je voulais voir le film j'ai beaucoup aimé le livre et le film n'était vraiment pas à la hauteur