Indignation

Philip Roth livre encore un texte magistral. Années 50, Marcus Messner fait tout ce qu'on attend de lui pour un fils juif parfait. Brillant dans ses études, performant dans son équipe de baseball, travaillant à la boucherie familiale l'été. Mais trop de perfection finisse par lasser. Sans compter un père qui devient oppressant par son angoisse à ce qu'il arrive quelque chose à son fils adoré et notamment la mobilisation pour la guerre de Corée. Marcus choisit alors une université la plus éloignée possible pour fuir cette atmosphère. Il rencontre un autre monde tiraillé entre sa loyauté envers ses parents et le désir de s'émanciper. Le texte est toujours aussi ciselé, efficace.

C’est une très belle découverte, autant pour la découverte de l’auteur que de ce livre. J’ai été transportée dans cette Amérique des années 45/50, avec ce jeune Marcus empli d’une envie féroce de justice, et qui nous offre sa vision de la société, une société injuste, qu’il voudrait corriger. Ce livre parle aussi de la communauté juive en Amérique, de la difficulté d’être juif, d’en être fier sans tombé dans une dimension sectaire. L’univers impitoyable des confréries américaine, du milieu des universités… Et la perte de l’innocence, autant par le commencement de la vie d’étudiant, de jeune adulte, de l’éloignement avec la mère juive, que par le commencement de la vie sexuelle. Aussi, une terrible histoire d’amour tâtonnante, avec une fausse héroïne si touchante, à l’histoire si particulière qui nous emporte aussi… Ce livre se lirait d’une seule traite, mais la peur d’arriver à la dernière page nous freine, heureusement.