Bouvard et Pécuchet

Un roman inachevé qui gagne à ne pas avoir de fin, car c'est avec peine que j'arrive à me figurer comment il aurait pu s'arrêter. J'ai, au début, été portée et très amusée par ces deux bonhommes qui essaient tout et ne réussissent rien. Mais très vite, j'ai trouvé cela brouillon, partant dans tous les sens et n'allant pas suffisamment au fond des choses.

Laurel et Hardy, Dupont et Dupond, Vladimir et Estragon, Dumb et Dumber, autant de duos iconiques que Bouvard et Pécuchet préfigurent. Dans ce récit inachevé, Flaubert signe l'œuvre comique de sa vie. En elle-même comique, non seulement due au cynisme et au sarcasme qui sous-tendent les malheurs d'Emma Bovary et de Frédéric Moreau. Il s'agit là de deux « amis » bêtes. Tout est bête. Les protagonistes, leurs voisins, leurs projets. Grâce à un héritage fortuit, Bouvard et Pécuchet, âmes sœurs, peuvent débuter l'apprentissage de différents domaines dans le but d'atteindre un résultat. Résultat qui ne vient jamais, ni de l'agriculture, ni de la chimie, ni de l'histoire, ni de la littérature, ni de la médecine ni même de l'amour. Ils ratent tout. Ils sont deux idiots dont l'opiniâtreté force l'appréciation du lecteur. Ils deviennent des figures, des irréels qui nous font réfléchir sur la sagesse, le devoir de la sagesse, l'autorité mais aussi l'utilité de la rêverie. Les dialogues de paroles brèves représentent bien l'esprit simple, cependant, il sont fastidieux à la longue. Flaubert n'aurait pas dû se donner tant de mal pour cette première phrase, le génie y était assuré.