La petite femelle

Attention, livre à lire! Car il éclaire... Ce bouquin, c'est l'histoire vraie de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tué Félix, son amant, en 1951. Cela, elle ne l'a jamais nié. Quand les foudres d'une société jugeante, l'accablant avant même le procès et jubilant presque en attendant la peine capitale, se sont abattues sur cette jeune femme, combien ont cherché à la comprendre? Cette traîtresse tondue a couché avec les allemands quelques années auparavant! Plus tard elle fut une mangeuse d'hommes! Alors?? C'est bien la preuve que ce diable de femme n'a aucun cœur ni aucune autre once de sensibilité. Mais, est-elle vraiment le monstre froid que tous ont décrit à l'époque? Et si, grace à l'enquête minutieuse de l'auteur retranscrite dans ce livre, des décennies plus tard, nous prenions le temps d'aller à sa rencontre, faire sa connaissance, prendre du recul et, peut-être, comprendre l'histoire et la détresse de Pauline Dubuisson...

On retrouve le style de l'auteur qui nous donne l'impression d'un échange avec lui et qui fait oublier le volume de 700 pages. Histoire passionnante d'une jeune fille qui sera brutalisée par la vie dès son enfance. Elle sera responsable d'un crime (passionnel ou pas, chacun se fait son opinion) et qui malgré plusieurs essais de construire une vie, finira par la laisser partir. Merci Mr Jaenada pour tout le travail que ce livre a dû vous demander et pour laisser au lecteur le choix de ses opinions 🙂

Quand Jaenada voit une photo et croise un fait divers des années 1950, il le décortique et le dévore pour nous restituer l’histoire de Pauline Dubuisson en quelques 700 pages… Meurtrière de son petit ami et victime d’un procès uniquement à charge (elle est indépendante, belle et intelligente), l’auteur prend le pari de l’exhaustivité pour rendre justice à Pauline. Il déterre l’enfance et la famille, creuse l’époque et le contexte (passionnante chronique de l’occupation), se coule dans la psyché de son héroïne. On se pose bien sûr la question de la distance, mais le travail de fourmi titanesque, l’énergie déployée et la saine colère crédibilisent sacrément le propos. Dans cet Objet Roman Non Identifié, on retrouve le style, l’humour et les digressions propres à l’auteur.

L’histoire de Pauline Dubuisson, condamnée à perpétuité pour le meurtre de son fiancé, femme libre, trop libre sans doute pour l’époque. Jeune fille puis femme marquée à jamais sans doute et stigmatisée par les activités de collaboration de son père pendant la guerre. Comme à son habitude Philippe Jaenada refait l’enquête, décortique le passé, détricote l’histoire, l’éclaire d’un jour nouveau et arrive à créer chez le lecteur un réelle empathie pour cette femme que la France entière a pourtant détestée ! Son histoire avait été mise en images dans les années 60 par Henri-Georges Clouzot dans le film « la Vérité ». Et son procès donnera envie à Jacques Vergès de devenir avocat !

Excellente enquête sur l’affaire Pauline Dubuisson, avec humour et recul, comme toujours chez Jaenada. J’ai beaucoup aimé son angle de vue sur la situation des femmes dans les années 50