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Résumé
Le mage du Kremlin On l'appelait le « mage du Kremlin ». L'énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d'émissions de téléréalité avant de devenir l'éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu'à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre... Ce récit nous plonge au coeur du pouvoir russe, où courtisans et oligarques se livrent une guerre de tous les instants. Et où Vadim, devenu le principal spin doctor du régime, transforme un pays entier en un théâtre politique, où il n'est d'autre réalité que l'accomplissement des souhaits du Tsar. Mais Vadim n'est pas un ambitieux comme les autres : entraîné dans les arcanes de plus en plus sombres du système qu'il a contribué à construire, ce poète égaré parmi les loups fera tout pour s'en sortir. De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, Le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine. Dévoilant les dessous de l'ère Poutine, il offre une sublime méditation sur le pouvoir.
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- Nanouche- 28/06/2022Au cœur du pouvoir de PoutineLe politologue italien, Giuliano Da Empoli, signe un immense opus littéraire mêlant documentaire politique et thriller sur la vie du Tsar Poutine, raconté par son ancien spin-doctor, un certain Vadim Baranov alias « le mage du Kremlin ». Un personnage qui rappelle à bien des égards Vladislav Sourkov, celui qui a conseillé Vladimir Poutine pendant vingt ans et qui a mystérieusement disparu en 2020. Le narrateur arrive à arracher ce Baranov à sa retraite pour qu’il lui raconte , l’espace d’une nuit, comment le personnage de Poutine s’est construit dans la Russie décadente des années 1990. Cette période post-mur de Berlin où tout a viré dans « la Sainte Russie petite mère des peuples », tiraillé entre l’ours au souffle alcoolisé (Boris Eltsine) et les mafias de l’argent qui semaient la terreur parmi la population russe. Poutine, jeune fonctionnaire du FSB (ancien KGB) débarque au milieu d’un pouvoir -agonisant pour effacer ce qu’il considère comme « une parenthèse humiliante » dans l’Histoire de la Russie. Il se fait coopter Premier ministre et applique la théorie de son conseiller Baranov, le pouvoir vertical, « l’unique réponse capable de calmer l’angoisse de l’homme exposé à la férocité du monde ». « S’il veut rester en vie, chaque peuple doit croire que ce n’est qu’en lui que reside le salut du monde. Les occidentaux veulent nous voir à genoux. Ils ont adoré Gorbatchev et Eltsine, ils feront semblant de vous adorer, vous aussi Vadia, tant que vous maintiendrez un comportement de valet. Et en attendant, ils emporteront les derniers restes ». Avec le récit de Baranov, le Russe n’est pas et ne sera jamais un Européen. On change de lunettes et on se met à la place d’une société qui a très mal digéré le modèle capitaliste occidental et pour qui l’argent ne peut en aucun cas dépasser le patriotisme, placé en haut de l’échelle de ses valeurs, n’en déplaise aux oligarques et à leurs richesses insolentes : « Chez vous les occidentaux, l’image d’un Bill Gates, d’un Murdoch ou d’un Zuckenberg menotté est totalement inconcevable. En Russie, au contraire, un milliardaire est tout à fait libre de dépenser son argent, mais pas de peser sur le pouvoir politique ». Il sera tailladé au premier impair ! Un roman à la fois brûlant et glacial comme un vodka cul sec. De la guerre en Tchétchénie à la révolution orange ukrainienne, il décortique le cœur du pouvoir russe et ses manipulations. Les personnages sont très bien incarnés car inspirés de parcours réels avec une magistrale méditation sur l’idéologie du Pouvoir. Ce pouvoir longtemps détenu par les hommes et qui est en train d’être transféré aux machines…Lire Evgueni Zamiatine, le « Georges Orwel » russe. Extrait : « Qui connait la Russie sait que chez nous le pouvoir est sujet à de périodiques mouvements telluriques. Avant qu’ils ne se produisent, on peut tenter d’en orienter le cours. Mais une fois qu’ils sont survenus, tous les engrenages de la société se repositionnement en conséquence, selon une logique aussi silencieuse qu’implacable. Se rebeller contre ces mouvements est aussi vain que serait le fait de s’opposer à la rotation de la Terre autour du soleil ».80
- Emi R- 01/03/2024un chef d’œuvre pour comprendre les rouages du pouvoir« Le mage du Kremlin », un chef d’œuvre pour comprendre les rouages du pouvoir et son ignominie humaine sous l’ère Poutine. On y retrouve la verve percutante d’un Machiavel, mêlée d’humour caustique et cinglant permettant de porter un regard distancié (mais aussi pathétique) sur l’horreur que peuvent entrainer la force et les manipulations liées au pouvoir. À travers le parcours de ce « mage », l’auteur pose la question de ce qu’il peut rester d’humanité et d’intégrité au cœur du cynisme; de ce que devient notre société dont la médiocrité s’exprime à travers les valeurs premières du pouvoir et de l’argent, entraînant trahisons et malversations mortelles. Le soulagement demeure : le cynisme finira par capituler face à la sensibilité du « mage », sa connaissance livresque et la force de l’amour. Et l’écriture. Quel style ! Vivacité. Finesse. Poésie. Cruauté. Et surtout l'élégance de la plume qui livre avec justesse des vérités insoutenables. C’est un livre audacieux, habile, éclairant, atypique. « Le mage du Kremlin », un chef d’œuvre pour comprendre les rouages du pouvoir et son ignominie humaine sous l’ère Poutine.70
- DL_17- 17/11/2022PassionnantCe livre permet de comprendre (sans excuser) le fonctionnement et la logique du pouvoir en Russie en général et plus particulièrement celui de Poutine. On comprend le cheminement qui conduit à la guerre en Ukraine. Mais ce récit bien que plongeant dans l’actualité reste un roman avec ses intrigues et anecdotes savoureuses. Pour ne rien gâcher, c’est très bien écrit.40
- readthink.club- 18/02/2024Book reviewAvec un peu de retard…pour ceux qui ne l’ont pas lu ! Un livre que je conseille très vivement. Une histoire, une réflexion sur la notion de pouvoir, un moyen de comprendre les conflits actuels … Cet ouvrage narre le parcours de Vadim Baranov, un personnage fictif largement inspiré de Vladislav Sourkov, également connu sous le nom de « Raspoutine du Kremlin », une figure influente dans l'entourage de Poutine. En tant que conseiller de confiance, il a joué un rôle crucial dans l'ascension au pouvoir de Poutine et dans la consolidation de son régime autocratique, avant de se retirer de la scène politique en 2020. Le politologue et essayiste Giuliano da Empoli, explore la psychologie de ses personnages et, nous éclaire sur la vision du monde de Poutine, évitant tout moralisme et écartant la caricature. Ce livre « visionnaire » a été terminé un an avant l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. En traversant l'histoire de la Russie des trois dernières décennies, de la guerre en Tchétchénie à l'annexion de la Crimée, de la révolution orange à la tragédie du Koursk, en passant par les attentats de 1999 contre des immeubles à Moscou et l'invasion de l'Ukraine, le lecteur obtient un aperçu des raisons qui ont conduit à la guerre russo-ukrainienne.31
- Myriem- 23/09/2023Le nouveau Prince de Machiavel.Est-il possible de mettre en lumière les sombres rouages du pouvoir politique russe ? C’est ce à quoi Giuliano Da Empoli s’attèle dans son œuvre, bien qu’ « aucun livre ne sera jamais à la hauteur du vrai jeu de pouvoir. » Ce politologue et écrivain italo-suisse nous plonge dans les abîmes du pouvoir russe, à travers un roman dans lequel la réalité finit par dépasser la fiction. Le choix du roman comme approche d’un sujet aussi complexe n’est pas anodin. Alors que la politique régit notre quotidien, celle-ci est globalement perçue comme rébarbative. L’intérêt des lecteurs pour la fiction émane de cette volonté de fuir la réalité en voyageant dans l’univers utopique dont la lecture ouvre les portes. L’auteur privilégie le roman aux livres d’histoire ou de politique, afin de susciter l’intérêt du lecteur et faire appel à sa lucidité pour l’amener à identifier la part de réalité contenue dans cette fiction. Quoi de mieux pour démystifier le détenteur du pouvoir russe Vladimir Poutine, que de le voir à travers les pensées d’une de ses éminences grises Vadim Baranov ? Ce protagoniste à la vie romanesque s’inspire de l’ancien spin doctor du Kremlin, Vladislav Sourkov. Cet alliage d’imaginaire et réalité nous transporte dans une palpitante aventure. Notre voyage débute par la rencontre entre le narrateur et Baranov, réunis par une passion commune, l’écrivain Zamiatine. Une nuit durant, Baranov se livre totalement au narrateur, levant le voile sur de nombreux mystères alimentés par son retrait de la vie politique. A travers ce fascinant monologue, nous sommes comme absorber dans un nouveau corps. Nous découvrons la vie telle que la perçoit l’ancien « Mage du Kremlin », nous sommes ses yeux mais aussi ses pensées. Grâce à la minutieuse plume de l’auteur, le paysage de cette mythique ville de Moscou se dessine sous nos yeux, les sentiments du protagoniste n’ont plus de secret, et le dit « Tsar » prend vie face à nous. Le « nouveau Raspoutine » avait d’abord été metteur en scène et même producteur, ce qui lui avait permis de comprendre le fonctionnement de l’opinion publique, et ainsi de la manipuler à sa guise. Avec lui, « l’art n’était pas seulement culture, mais construction, prophétie, vérité. » Pour ces compétences, il avait été recruté par l’oligarque Berezovsky. Ensemble ils avaient contribués à la réélection de Boris Eltsine. Puis lorsqu’il fallut lui succéder, ils se devaient de trouver « une figure qui [cristalliserait à la fois] la continuité et la rupture avec le passé.» Comme le chef du FSB. Ce fut le début d’une vingtaine d’années ineffaçables. La force de cet ouvrage est qu’il s’appuie sur de véritables événements et figures historiques, tout en romançant leurs propos. Nous embarquons pour un voyage à travers le temps éclaircissant le présent. Défilent alors, les attentats à Moscou et la guerre de Tchétchénie, 1999, la tragédie de Koursk, 2000, l’intimidation de la chancelière allemande , 2007, les jeux olympiques de Sotchi et l’annexion de la Crimée, 2014. On rencontre en parallèle, l’oligarque déchu Khodorkovski, le chef du parti bolchévique Limonov, ou encore Prigojine, le fondateur du groupe paramilitaire Wagner. S’ajoute à cela de captivantes analyses sur le pouvoir, dont « la première règle est de persévérer dans les erreurs, de ne pas montrer la plus petite des fissures dans le mur de l’autorité. » Mais aussi et principalement sur le Kremlin. Propulsés dans ce mystérieux esprit, on décèle de troublantes analyses, provoquant une certaine empathie parfois, mais nous amenant aussi à réfléchir. Cela change notre regard. On scrute avec acuité le moindre détail, car c’est là que l’on aiguise notre esprit critique, c’est un outil stratégique en politique, mais aussi une qualité humaine, nécessaire dans toutes sociétés. Ce roman réussit brillamment à nous alerter politiquement à travers sa fiction. Le voyage dans lequel il nous entraîne, nous révèle l’art subtil de manipuler l’opinion pour asseoir un pouvoir omniprésent. Le conflit russo-ukrainien met en exergue le côté visionnaire du politologue, ayant achevé son roman en janvier 2021. Il fait écho à l’actualité, et nous éclaire sur les raisons de cette guerre, en soulignant les contrastes entre l’ancienne Union Soviétique et l’Occident. Ainsi, ne devrait-on pas accorder plus de crédit à sa dernière mise en garde contre l’intelligence artificielle ? : « Non ce n’est pas Dieu qui crée, c’est Dieu qui est créé. » Ma Critique Goncourt 2023, Finaliste par ailleur :)30
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