Les pauvres gens

Premier roman de Dostoievski, avant le bagne qui le transforma et généra par la suite les chefs d'œuvres que l'on connaît : Crime et Châtiment, les démons, les frères Karamazov ... Premier roman donc, de moindre intérêt, mais où l'on décèle déjà la patte caractéristique de Dostoievski : la description chirurgicale de la misère, les errances de la pensée et des sentiments, le foisonnement parfois brouillon de la langue qui traduit celui de l'âme (l'âme russe évidemment) et que le remarquable traducteur André Markowicz réussit à faire passer en français. Indispensable pour mesurer le chemin parcouru par cet immensissime écrivain.

Avant d'attaquer l'Everest, on fait toujours des ascensions préparatrices, histoire de se mettre en jambe. Les Pauvres Gens, premier roman du grand-duc, en préambule de l'immensité à venir... C'est peut-être un peu trop "voyant" à mon goût : structurellement lourd, le projet stylistique est saillant ; faire sauter la conversation épistolaire, pour la faire muter en oralité, volontairement sauter des lettres pour former des trous dans le développement... Quand ça s'envole c'est fort (l'épisode du bouton rappelle Les carnets du sous-sol assurément), mais globalement on s'ennuie un peu, appesanti par la lourdeur de la forme.