Credo, le dernier secret

En Arizona, non loin de Monument Valley, en plein territoire navajo, un accélérateur de particules suscite polémiques et interrogations. Le projet Isabella initié par un physicien excentrique, le professeur Gregory Hazelius, doit faire avancer de manière significative la compréhension du Big-Bang  et même révolutionner les théories sur la création de l’univers, sans parler de retombées plus triviales en matière d’énergie. Mais voilà, Isabella tarde à produire les résultats attendus… Le projet ayant coûté la bagatelle de 40 milliards de dollars au contribuable américain, la Maison Blanche commence à sérieusement s’impatienter, surtout que se profilent de prochaines élections. Las des réponses dilatoires d’Hazelius, le Président envoie sur place Wyman Ford, ancien agent de la CIA (qu’il a quitté après un drame personnel) et titulaire d’un doctorat en anthropologie, en mission d’infiltration. Ford ignore tout ou presque de la physique quantique mais il a de bonnes connaissances de la nature humaine et, pour ne rien gâcher, il retrouvera à Red Mesa, Kate, une vieille amie. A son arrivée, Ford se rend compte que quelque chose ne va pas, sans parvenir à identifier clairement le problème. Les douze chercheurs qui travaillent sur Isabella semblent au bout du rouleau, au point que l’un d’eux se suicide en laissant une note incompréhensible… Dans la réserve Navajo, des voix s’élèvent contre le projet qui profane les terres ancestrales… Ford est censé aplanir ces difficultés tout en espionnant Hazelius… Il pourrait presque y parvenir si un évangéliste de pacotille, créationniste et très médiatique, relayé par un pasteur psychopathe, proche de Red Mesa, ne s'emparait pas du sujet Isabella, accusant les scientifiques et le gouvernement américain de blasphémer Dieu en niant qu’il est à l’origine du monde… Sous terre, Hazelius et ses collègues persistent : alors qu’ils semblent toucher au but, Isabella se met à leur parler ! Un bug informatique ? Un virus ? Un piratage de haute volée ? Une intelligence extraterrestre ? Dieu ? Le Diable ? Plutôt séduite par Le codex, bon thriller d’aventures, comme promis, je me suis plongée dans la bibliographie solo de Douglas Preston et j’en ai extirpé ce Credo. C’est également un thriller, mais d’un genre totalement différent, qui mêle science et religion, deux notions qui font rarement bon ménage. C’est encore le cas ici. Certes, ce roman est un bon page-turner, on est rapidement pris par l’action (je devrais dire les actions) et comme Wyman Ford et ses collègues, on veut savoir ce qui se cache derrière Isabella et on peut faire l’impasse sur de nombreuses incohérences compte tenu du suspens très présent. D’autre part, l’auteur mène la charge contre les créationnistes et les charlatans de tous poils, ce qui malheureusement, est encore d’actualité et fait une belle démonstration de la facilité avec laquelle des personnes charismatiques peuvent en manipuler d’autres, voire beaucoup d’autres. La localisation de l’intrigue, dans le décor somptueux de Monument Valley est évidemment (à mes yeux) un plus ! Mais j’avoue que la tournure finale qu’il a donnée à son Credo me laisse totalement perplexe... Pour ma part, l’épilogue est clairement en trop. Pour terminer, je ne peux m’empêcher de citer Rabelais «  science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».