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Résumé
Brésil, État de l'Acre. Une jeune avocate originaire de São Paulo se rend dans cette région partiellement couverte par la forêt amazonienne pour suivre le procès des assassins d'une jeune indigène. Sur place, elle découvre la beauté hypnotique et mystérieuse de la jungle, mais aussi sa part sombre, les injustices et les tragédies vécues au quotidien par les populations locales. S'initiant aux rituels ancestraux des peuples indigènes d'Amazonie et notamment à la prise de l'ayahuasca, un puissant hallucinogène, la jeune femme s'engage dans une quête de justice, pour les femmes qui l'entourent et pour elle-même. Le roman de Patricia Melo nous embarque entre réalité et cauchemar, dans une enquête où la violence prime sur la loi. En choisissant de tenir son intrigue dans l'État de l'Acre, dans le ventre de la jungle, l'autrice brésilienne montre la violence infligée aux femmes, mais aussi à la nature : celles qu'on tue dans l'indifférence.
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- 1001chapitres- 09/09/2023⭐️⭐️⭐️⭐️💫Une jeune avocate de São Paulo se rend dans l’état de l’Acre pour assister aux procès des assassins d’une jeune indigène. Là, entre triste modernité et rites ancestraux, elle va découvrir une région profondément ancrée dans l’injustice et la violence. « Celles qu’on tue » est un roman noir et brutal, à la fois polar et plaidoyer sans concession contre les féminicides. Au cœur de la jungle amazonienne, l’autrice nous offre un récit d’une force incroyable, porté par une sororité quasiment mythologique et les rythmes palpitants de la jungle tropicale. J’y ai retrouvé par certains aspects l’atmosphère hypnotique de « la Couronne Verte » de Laura Kasischke, un livre que j’avais aussi beaucoup apprécié. Excellente pioche donc pour ce roman de la rentrée littéraire. À lire absolument si le sujet vous tient à cœur.40
- Flora_bouquine- 26/08/2023Pépite de la rentrée littéraireElles s'appellent Elaine, Fernanda, Rayane, Tatiana, Lilian Maria, Engel, Taita, Daniela et ont toutes un point commun : avoir été tuées. Tuées par un mari, un amant, un frère, un beau-frère, un père. Tuées pour un morceau de viande trop cuit, pour avoir dit non, pour du bazar dans la maison, pour être partie, pour avoir parler à quelqu'un. Brésil, État de l'Acre, région de ce pays où le féminicide est plus important que partout ailleurs, une jeune avocate s'y rend pour suivre le procès des assassins de Txupira, une jeune indigène de 14 ans, violée et tuée par trois jeunes hommes. Là-bas, dans la forêt amazonienne, elle va rencontrer la communauté de la défunte et découvrir des femmes qui ont décidé de prendre le pouvoir sur les hommes et leur revanche. L'avocate se rend vite compte que ces féminicides ne valent rien aux yeux de la loi, alors celles qu'on tue continuent de l'être dans l'indifférence la plus totale. Et leurs bourreaux, eux, sortent toujours du tribunal par la grande porte la tête haute. Alors elle est bien décidée à donner un bon coup de pied dans la fourmilière tout en traînant avec elle un bagage qui la hante et qui refait surface. Patricia Malo signe un roman fiction qui touche tellement au réalisme. La plume est forte, rageuse, elle frappe là où ça fait mal et elle dénonce cette partie du pays où une femme meurt toutes les six heures. Rien n'est épargné au lecteur parce qu'il faut comprendre ce qu'il se passe et qu'il est tellement important d'en parler. C'est brutal, certains passages sont durs et détaillés mais c'est surtout la révolte qui m'a habité durant ma lecture. J'ai plongé avec plaisir dans la forêt au côté de ces femmes dont le mysticisme m'a envoûté. L'autrice y dénonce les conditions de ces citoyens et la destruction de la forêt. Celles qu'on tue c'est un roman qui vous percute en plein cœur et que l'on n'oublie pas.20
- PerrineP99- 01/08/2023Coup de poing littéraire !« Voilà la conclusion à laquelle je suis arrivée au cours de ma deuxième semaine au tribunal : nous, les femmes, nous tombons comme des mouches. Vous les hommes, […] vous nous tuez. Et au tribunal, vous dites tous que c’est de notre faute ». Conclusion à la fois spécifique pour l’héroïne dans son investigation au Brésil, et tristement universel pour le reste du monde. Celles qu’on tue, c’est l’histoire des féminicides principalement, mais aussi celle de la culture du viol, de l’impunité pour les agresseurs, de la primauté de l’argent, de la nature sacrifiée… c’est un roman qui remue et touche en plein cœur avec son écriture crue, cruel et sans fioritures. Toute la cruauté et la banalité de ces crimes est brillamment dépeinte et en devient parfois difficilement supportable à lire. En marge de ce tableau sur la société, un point très intéressant est également soulevé par l’autrice grâce aux rituels ancestraux de la région et la prise d’un hallucinogène : il est question de la colère, de la violence et de la vengeance des femmes victimes. Ce n’est pas un sujet régulièrement abordé en littérature (en tous cas, dans mes lectures jusqu’ici ), mais il mérite amplement d’être creusé ! Ces épisodes d’hallucinations, et donc de violence, sont assez peu présents face à l’ampleur du roman, mais on comprend rapidement à quel point ils sont salvateurs pour l’héroïne… une nouvelle forme de satisfaction et de connaissances ressort agréablement de ces courts chapitres. Je n’ai pas toujours été d’accord avec les propos de l’autrice (notamment sur la porn0graphie qui serait la cause de tous les problèmes), mais c’est un roman qui me restera longuement en tête et que je ne manquerai pas de recommander autour de moi !20
- Evergreen13- 04/11/2024Oubliées 🇧🇷Txupira à peine sortie de l’adolescence est atrocement assassinée près de son village. Un fait divers presque ordinaire pour cette province du Brésil, l’Acre, situé au Nord-Ouest, entre la Bolivie et le Pérou. Dans cet État, bien loin des cartes postales, pauvre et isolé, les femmes paient le prix fort, victimes nombreuses de féminicides, dont les bourreaux sont peu condamnés « Le système est fait pour ne pas fonctionner. Tout au bout, celui qui mène l’enquête regarde la victime avec mépris ; c’est juste une femme, se dit-il. Une noire. Une pute. Une chose ». A São Paulo le cabinet d’avocats où travaille la narratrice s'intéresse aux féminicides (« Dix mille cas de féminicides dans les tribunaux, non résolus ») au point que Denise, l’associée principale, prépare un livre sur le sujet et envoie, aux quatre coins du pays, de jeunes avocats, en observateurs, pour couvrir les jugements s’y rapportant. C’est ainsi que la narratrice s’envole pour Cruzeiro do Sul afin de suivre le procès des assassins de Txupira bien loin d’imaginer l’ampleur que prendra cette affaire, notamment pour elle, doublement concernée par le fléau des féminicides. Voici un roman très engagé, en forme de manifeste dédié aux femmes brésiliennes, à mi-chemin entre la fiction et le récit documentaire, dont on ne ressort pas indemne. Je l’ai terminé depuis quelques jours et il m’a fallu ce laps de temps pour évacuer la tension provoquée par les scènes insoutenables qui s’y bousculent. C’est évidemment le but recherché par l’auteure. Alerter, dénoncer, tenter de ne pas oublier ces femmes qui meurent sous les coups de leurs compagnons (la plupart du temps, ce sont des meurtres par conjoint) et faire en sorte que cette violence inouïe cesse d’être banalisée et que les assassins soient condamnés aux lourdes peines qu’ils méritent. Parallèlement, nous suivons la narratrice dans sa découverte des peuples indigènes de cette région de l’Amazonie, leur histoire (tragique) leurs rites et coutumes (souvent déconcertants pour nous, occidentaux), allant jusqu’à prendre un puissant hallucinogène qui lui permettra de se souvenir d’un pan de son enfance qu’elle avait totalement oublié. A noter que certains passages sont très difficiles, très violents, avec des descriptions détaillées de tortures… Ce n’est pas une lecture facile, mais nécessaire, sachant que si le Brésil (et plus généralement l’Amérique du Sud) est très concerné par ce fléau, le reste du monde n’est pas épargné, l’actualité en étant témoin chaque jour (un simple clic sur internet me donne le chiffre terrifiant de 78 féminicides au 14 octobre 2024 dans notre beau pays... ). A noter que certains passages sont très difficiles, très violents, avec des descriptions détaillées de tortures qui ne m’ont pas semblé forcément indispensables à la force du récit (j’en ai zappé… trop pour moi).00
- L'Épigraphe- 19/03/2024Une soif de justice intarissable.Une soif de justice intarissable. Ce livre traitant des violences (plus précisément des meurtres) faites aux femmes, une partie de moi se sent dans l'obligation de préciser que les propos à l'intérieur, les descriptions, les réalités, peuvent et doivent choquer. Une partie de moi hésite à recommander ce livre, mais une autre, bien plus catégorique, estime qu'au contraire, il faut le recommander. Lui et tous ses frères abordant ce sujet, universel, intemporel, et dévastateur. C'est une catharcie en bonne et due forme. La protagoniste suit les procès de ces femmes battues, violentées moralement, physiquement, tuées et débordent de ces injustices, de ces manquements à la loi, ces réalités horribles qui veulent que très peu d'agresseurs vont en prisons, que les procès des pauvres, des étrangers, sont mis en stand-by pour privilégier ceux des individus fortunés. Que les femmes sont sous le joug des démons, les protègent, les aiment, et font passer leur amour avant leur propre sécurité ; quitte à finir au fond du fossé. Elle enrage et nous enrageons avec elle. Elle crie vengeance et le peuple crie avec elle. Au fin fond des forêts boliviennes, ce sont des alliées qu'elle trouve, des guerrières indigènes et leurs rites, leurs cultures, leurs drogues hallucinogènes qui permettent d'entrer en contact avec les morts, les victimes, leurs colères. Ensemble, elles fomentent, veulent se faire justice elles-mêmes, exigent que les crimes soient payées par ces hommes qui rejettent toujours la faute sur celles qu'on tue, plutôt que d'en porter la responsabilité. Elle déguste. Dans une relation abusive, sa haine grossie face aux tentatives vaines de cet homme pour tenter de la récupérer, de la posséder de nouveau, l'assujettir, la dominer. On sait qu'elle va en baver, on se demande si elle parviendra à briser le cicle des femmes massacrer, dans cette sphère où toutes tombent une à une, comme des mouches. On se demande si l'hécatombe sera un jour terminée. Ce livre n'est pas beau. Ce livre, paré de fiction, brosse un portrait on ne peut plus réel, et malgré la lueur d'espoir que l'on aperçoit toujours au bout du tunnel, sa vérité fait mal.00
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