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Résumé
«Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide.» Avec cette formule foudroyante, qui semble rayer d'un trait toute la philosophie, un jeune homme de moins de trente ans commence son analyse de la sensibilité absurde. Il décrit le «mal de l'esprit» dont souffre l'époque actuelle : «L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde.»
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11 avis sur ce livre
- maxorwell- 06/05/2020Acceptation de l’absurde: un rempart au suicide?Camus exalte l’homme face à tout ce qui l’écrase et méprise l’éternité promise à l’issue de ce monde déraisonnable. L’absurde est à la croisée des chemins du rationnel et de l’irrationnel car l’homme absurde connaît les limites de la raison humaine. Il naît de cette « confrontation de l’appel de l’homme avec le silence déraisonnable du monde » une conscience, dont la sensation de liberté éveille des passions et un sentiment de révolte face à ce qui oppresse et abime la condition humaine. Camus fait de l’acceptation de l’absurde par l’homme la condition d’une vie heureuse, car tous ceux qui essaient en vain de le résoudre s’en remettent à Dieu ou à une espérance vaine. Le suicidé emporte l’absurde dans sa mort qui scelle le destin absurde par sa réponse fatale. Le résigné emporte donc avec lui sa quête désespérée de réponse à l’absurde en y trouvant sa réponse dans le suicide. L’homme absurde exalte sa liberté grâce à sa conscience et sa clairvoyance. L’absurde est le contraire de la résignation. L’homme absurde et révolté meurt pour ses idées, contrairement au résigné qui se suicide dans dans sa quête irrationnelle de sens.91
- Ставка- 21/05/2020L'absurde sous toutes ses formesCamus se livre ici à une exercice complexe d'étude de l'absurde. Sans être parfaitement philosophique, on retiendra les approches fugaces vers l'existentialisme, la phénomenologie, et des mentions récurrentes à Nietzsche ou Kirkegaard. La lecture fut pour ma part difficile, oserais-je pénible, mais néanmoins intéressante pour comprendre le regard de Camus sur l'homme absurde et les conditions de son existence. Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, pour lecteur avisé et patient !64
- Nick Straiton- 10/04/2020De la condition humaine"L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde", écrit Camus. Ici, l'Homme, en quête de sens, hurle tout son désarroi existentiel à un absolu (ou a un dieu) qu'il ne lui est permis ni d'entrevoir ni d'entendre, et n'obtient pour seule réponse, que le silence éternel de ces espaces infinis. Malgré tous nos efforts, le monde (comme vecteur de "sens") nous reste muet et inaccessible. De là naît le sentiment de l'absurde, dont la relecture camusienne du mythe de Sisyphe offre une analyse intéressante et s'interroge sur le seul problème philosophiquement sérieux : la question du suicide.60
- Kafkaesque- 23/04/2022Citations« Cette raison universelle, pratique ou morale, ce déterminisme, ces catégories qui expliquent tout, ont de quoi faire rire l'homme honnête. Ils n'ont rien à voir avec l'esprit. Ils nient sa vérité profonde qui est d'être enchaîné. Dans cet univers indéchiffrable et limité, le destin de l'homme prend désormais son sens. Un peuple d'irrationnels s'est dressé et l'entoure jusqu'à sa fin dernière. Dans sa clairvoyance revenue et maintenant concertée, le sentiment de l'absurde s'éclaire et se précise. Je disais que le monde est absurde et j'allais trop vite. Ce monde en lui-même n'est pas raisonnable, c'est tout ce qu'on en peut dire. Mais ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme. L'absurde dépend autant de l'homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l'un à l'autre comme la haine seule peut river les êtres. » (p. 38-39) « L’absurde n’ait de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. » (p. 46) « (…) le sentiment de l'absurdité ne naît pas du simple examen d'un fait ou d'une impression mais [qu']il jaillit de la comparaison entre un état de fait et une certaine réalité, entre une action et le monde qui la dépasse. L'absurde est essentiellement un divorce. Il n'est ni dans l'un ni dans l'autre des éléments comparés. Il naît de leur confrontation. » (p. 50) « L’absurde n’a de sens que dans la mesure où l’on n’y consent pas. » (p. 52) « Vivre une expérience, un destin, c'est l'accepter pleinement. Or on ne vivra pas ce destin, le sachant absurde, si on ne fait pas tout pour maintenir devant soi cet absurde mis à jour par la conscience. Nier l'un des termes de l'opposition dont il vit, c'est lui échapper. Abolir la révolte consciente, c'est éluder le problème. Le thème de la révolution permanente se transporte ainsi dans l’expérience individuelle. Vivre, c'est faire vivre l'absurde. Le faire vivre, c'est avant tout le regarder. » (p. 78) « L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. Elle est un confrontement perpétuel de l'homme et de sa propre obscurité. Elle est exigence d'une impossible transparence. Elle remet le monde en question à chacune de ses secondes. De même que le danger fournit à l'homme l'irremplaçable occasion de la saisir, de même la révolte métaphysique étend la conscience tout le long de l'expérience. Elle est cette présence constante de l'homme à lui-même. Elle n'est pas aspiration, elle est sans espoir. Cette révolte n'est que l'assurance d'un destin écrasant, moins la résignation qui devrait l'accompagner. » (p. 78-79) « Si je me persuade que cette vie n'a d'autre face que celle de l'absurde, si j'éprouve que tout son équilibre tient à cette perpétuelle opposition entre ma révolte consciente et l'obscurité où elle se débat, si j'admets que ma liberté n'a de sens que par rapport à son destin limité, alors je dois dire que ce qui compte n'est pas de vivre le mieux mais de vivre le plus. » (p. 86) « Ne pas croire au sens profond des choses, c’est le propre de l’homme absurde. » (p. 102) « Le saut sous toutes ses formes, la précipitation dans le divin ou l'éternel, l'abandon aux illusions du quotidien ou de l'idée, tous ces écrans cachent l'absurde. » (p. 125) « Dans cet univers, l'œuvre est alors la chance unique de maintenir sa conscience et d'en fixer les aventures. Créer, c'est vivre deux fois. » (p. 130) « Pour l'homme absurde, il ne s'agit plus d'expliquer et de résoudre, mais d'éprouver et de décrire. Tout commence par l'indifférence clairvoyante. » (p. 131) « Les grands romanciers sont des romanciers philosophes, c'est-à-dire le contraire d'écrivains à thèse. Ainsi Balzac, Sade, Melville, Stendhal, Dostoievski, Proust, Malraux, Kafka, pour n'en citer que quelques-uns. Mais justement le choix qu'ils ont fait d'écrire en images plutôt qu'en raisonnements est révélateur d'une certaine pensée qui leur est commune, persuadée de l'inutilité de tout principe d'explication et convaincue du message enseignant de l'apparence sensible. Ils considèrent l'œuvre à la fois comme une fin et un commencement. Elle est l'aboutissement d'une philosophie souvent inexprimée, son illustration et son couronnement. Mais elle n'est complète que par les sous-entendus de cette philosophie. (…) Incapable de sublimer le réel, la pensée s'arrête à le mimer. Le roman dont il est question est l'instrument de cette connaissance à la fois relative et inépuisable, si semblable à celle de l'amour. De l'amour, la création romanesque a l'émerveillement initial et la rumination féconde. » (p. 137-138) « Répétons-le. Rien de tout cela n'a de sens réel. Sur le chemin de cette liberté, il est encore un progrès à faire. Le dernier effort pour ces esprits parents, créateur ou conquérant, est de savoir se libérer aussi de leurs entreprises. arriver à admettre que l'œuvre même, qu'elle soit conquête, amour ou création, peut ne pas être ; consommer ainsi l’inutilité profonde de toute vie individuelle. Cela même leur donne plus d'aisance dans la réalisation de cette œuvre, comme d'apercevoir l'absurdité de la vie les autorisait à s'y plonger avec tous les excès. » (p. 158) « Par un paradoxe singulier mais evident, plus les aventures du personnage seront extraordinaires, et plus le naturel du récit se fera sensible : il est proportionnel à l'écart qu'on peut sentir entre l'étrangeté d'une vie d'homme et la simplicité avec quoi cet homme l'accepte. Il semble que ce naturel soit celui de Kafka. » (p. 172-173) « C'est dans cette ambiguïté fondamentale que réside le secret de Kafka. Ces perpétuels balancements entre le naturel et l'extraordinaire, l'individu et l'universel, le tragique et le quotidien, l'absurde et le logique se retrouvent à travers toute son œuvre et lui donnent à la fois sa résonance et sa signification. Ce sont ces paradoxes qu'il faut énumérer, ces contradictions qu'il faut renforcer, pour comprendre l'œuvre absurde. » (p. 174) « Le coeur humain a une fâcheuse tendance à appeler destin seulement ce qui l'écrase. Mais le bonheur aussi, à sa manière, est sans raison, puisqu'il est inévitable. L'homme moderne pourtant s'en attribue le mérite, quand il ne le méconnaît pas. » (p. 176) « L’effet absurde est lié à un excès de logique. » (p. 177)40
- Lord ure- 17/05/2024I may be stupidJ'ai mis 4 mois pour le terminer et j'estime que j'ai compris autour de 20% de cet essai sur l'absurde Je reconnais l'existence d'un fond intéressant mais ce n'est clairement pas la porte d'entrée la plus facile pour Camus et l'absurde33
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