Chinoises

Un livre fort et tragique ! Je n'ai jamais autant pleurer sur un récit, des histoires vraies, des témoignages parlant du début de la révolution culturelle jusqu'à l'ouverture des frontières de la Chine. Les hommes se sont fait tant de mal, mais surtout ils ont tout pris à leurs femmes, leurs sœurs, leur mère, leurs alliées, leur amis, leur filles qu'ils ont trahis et torturé sans la moindre pitié ! Un jour j'ai entendu un homme dire que vue ce que les hommes ont fait du monde, les femmes auraient dû gouverner depuis longtemps... Ce livre lui donne raison a plus d'un titre ! Ah un moment j'ai ressenti un déclic émotionnel, pour ma vie personnelle, c'est la première fois que j'ai ressentie une telle émotion...

Ce livre est vraiment bouleversant. Je ne connaissais absolument pas l'histoire de la Chine, et je n'imaginais pas par quelles épreuves les femmes Chinoises étaient passées. En le refermant je me rends compte qu'il a eu impact important sur ma propre vie. Je ne peux que le conseiller !

Chinoises est le témoignage de femmes, de toute la Chine, recueillis par la journaliste Xinran, durant 8 ans. Elle accueillait tantôt ces femmes dans le studio de l'émission de radio qu'elle animait, tantôt elle venait à leur rencontre ou c'étaient des lettres qu'elle recevait. Ces femmes racontent leur quotidien, leur travail, leur douleur et leur espoir dans un pays tiraillé entre un communisme ancré et des aspirations ultra-libérales. Il en résulte un livre dense et bouleversant, dont les mots manquent tant les émotions sont intenses : tristesse, indignation, colère... J'ai été particulièrement touchée par la pudeur et la dignité de ces femmes. Lire ce livre est un acte politique : soyons solidaires et battons-nous !

Je connais mal la Chine, je veux dire son histoire, même relativement récente et, de fait, je m’y intéresse peu. Mais dernièrement deux « évènements » m’ont conduite à m’ouvrir davantage à ce vaste pays. Le premier, c’est la rencontre organisée par Babelio autour de Christine Cayol et de son livre L’amour est un thé qui infuse lentement  : plus que le roman, qui ne m’a pas enthousiasmé, c’est l’entretien avec l’auteure et d’autres participants, qui m’ont donnée envie de regarder la Chine un peu plus attentivement. Le second, c’est une rencontre, totalement fortuite, dans un train avec une dame asiatique qui s’est avérée être chinoise, née à la fin des années 40, émigrée à Taïwan avec ses parents pour fuir le régime communiste de la République Populaire, et venue en France dans les années 70 faire des études. Elle s’y est installée, et est devenue professeur de chinois à l’Institut des Langues Orientales à Paris. C’était une rencontre peu ordinaire : nous ne nous connaissions pas évidemment mais rapidement une certaine confiance s’est installée et c’est ainsi qu’elle m’a parlé de la Chine, de Taïwan, des différences entre les européens et les chinois. Conversation passionnante ! Et presque simultanément, voici que je tombe sur ce livre, comme s’il m’avait irrésistiblement attirée  (je ne crois pas aux coïncidences) !   Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette lecture m’a totalement chamboulée. L’auteure Xinran a présenté une émission de radio à Nankin, entre 1989 et 1996, une sorte de ligne ouverte pour les femmes de Chine : elles pouvaient s’exprimer sur un peu tous les sujets (en 1989, la politique était à « l’ouverture ») dans la limite tout de même d’une certaine censure (voir le chapitre La femme qui aimait les femmes). Ce livre est la transcription des récits les plus marquants de ces sept années et à travers eux, c’est l’histoire de toutes les femmes qui ont traversé près de cinquante ans d’histoire de la Chine moderne. Xinran parle également d’elle-même, de sa mère. Elle témoigne aussi de ses rencontres sur le terrain et, notamment,  dans un chapitre particulièrement poignant, celle avec des femmes qui s’occupent d’un orphelinat (les mères qui ont survécu au tremblement de terre) et qui font preuve d’une résilience extraordinaire, ou encore, dans le chapitre qui clôt le livre, celles de Colline Hurlante, les seules qui lui ont dit qu’elles étaient heureuses. Tous ces récits donnent à réfléchir, à s’indigner, à se révolter, et à avoir envie d’en savoir plus sur cette société chinoise si multiple. Bouleversant. Un dernier mot concernant le 4ème de couverture de l’édition Piquier poche où figure l’idéogramme signifiant féminin : à partir de cet idéogramme, les chinois écrivent : Féminin + ménage = femme Féminin + tendresse = mère (Féminin + tradition) + (féminin + tendresse) = fille Féminin + fils = bon Édifiant...

Je viens tout juste de finir le livre, je reste sans voix, les histoires sont plus touchantes les unes que les autres allez le lire vous ne regretterez pas !!