Le ladies football club

Voici le grand retour de Stefano Massini qui une nouvelle fois nous offre un roman court et dynamique mais ô combien passionnant ! L'histoire de l'une des premières équipes de foot féminine en pleine première guerre mondiale qui vont oser prendre la place des hommes sur les terrains et gagner! Le style atypique de Massini entraîne le lecteur et lui donne aussi l'envie de lire le texte à voix haute et pourquoi pas, taper dans le ballon!

Le ladies football club conte l'histoire vraie du début du football féminin anglais. Avec son humour et ses vers libres, Stefano Massini nous peint une bulle de révolution féminine en pleine Guerre Mondiale. Un régal !

Stefano Massini raconte une histoire de la naissance du foot féminin en Angleterre. Et c’est un régal. Elles s’appellent, dans l’ordre de leur numéro de maillot : Rosalyn Taylor, Olivia Lloyd, Justine Wright, Penelope Anderson, Abigail Clarke, Haylie Owen, Melanie Murray, Violet Chapman, Brianna Griffith, Sherill Bryan et Berenice MacDougall. Un jour, le 6 avril 1917 exactement, “durant la pause déjeuner, onze ouvrières de Doyle & Walker Munitions se mirent à courir derrière un ballon”. Ainsi commence une histoire de la naissance du football féminin en Angleterre racontée par Stefano Massini. Une histoire réinventée et romancée à partir de celle, véridique, du Dick, Kerr’s Football Club qui disputa le tout premier match international de l’aventure du foot féminin contre l’équipe de France d’Alice Milliat - dont la statue vient d’être dévoilée à la Maison du sport français. Les Anglaises n’auront d’ailleurs plus le droit de pratiquer sur les “vrais” stades de foot anglais jusqu’en 1971. Le périple des Ladies de Stefano Massini aurait pu faire “boum” dès le premier jour : ce qu’elles prennent pour un ballon est en fait une véritable... bombe-test qu’elles fabriquent en l’absence des hommes partis à la guerre. En vers libres Trop tard, les ouvrières de la poudrière de Sheffiled ont attrapé le virus. Elles se répartissent les rôles, s’organisent, se moquent qu’on leur oppose des vieillards ou des gamins pour leurs premiers matchs. Qu’importe, elles réalisent leur rêve de fouler la pelouse de Stamford Bridge, le stade de Chelsea, devant plusieurs milliers de spectateurs. On n’en dévoilera pas l’issue. Comme dans son extraordinaire premier roman “Les Frères Lehman” (publié en 2017 en Italie), une fresque du capitalisme américain sur plus de cent cinquante ans, Stefano Massini écrit son récit en vers libres. Une fois que le lecteur a pris le rythme, il se laisse envoûter par la vitalité, l’espièglerie et l’humour de ces portraits tracés au cordeau. Et ces Ladies, c’est vraiment de la bombe !

Vous voulez savoir comment est né le football féminin ? Il ne vous reste plus qu’à lire « Le Ladies Football Club » de Stefano Massini (auteur du génial « Les frères Lehman »). Stefano Massini, pour mon plus grand plaisir, continue d’écrire en vers libres. Je trouve son écriture toujours aussi originale, parfois déstabilisante et souvent drôle.

J’ai été attirée par ce roman parce que fan de football et joueuse de football féminin. Comme je m’y attendais, un régal de lecture, mais pas pour les raisons que j’aurais pensé. Stefano Massini donne de la voix, du corps et surtout du pied aux onze ouvrières de la Doyle & Walker Munitions qui, pendant la Première Guerre mondiale, sont devenues joueuses, d’abord timidement, puis franchement. Mais il ne le fait pas n’importe comment. Il écrit en vers libres, avec un rythme unique et un humour décapant. C’est tellement original et bien vu. Chaque femme - ouvrière - joueuse - épouse est unique. D’Olivia Lloyd, la latérale droite intellectuelle, à Haylie Owen, la milieu défensive socialiste aux idées révolutionnaires, en passant par l’avant-centre Brianna Griffith, dont le modèle n’est autre que Jeanne d’Arc. Je souriais à chaque phrase, à chaque attitude footballistique, à chaque critique sous-jacente. Les hommes sont sur le front, les femmes les remplacent. Elles souffrent de la guerre, elles-aussi, mais qui s’en soucie ? C’est à elles de prendre soin des autres, pas l’inverse. Alors quand la guerre prend fin, le football féminin, cette blague que seule une guerre a pu permettre, c’est terminé : tout doit rentrer dans l’ordre. En racontant l’histoire du Ladies Football Club avec tant d’originalité, Stefano Massino rend hommage aux pionnières, à leur courage. Ce court roman se savoure, et on se délecte de chaque paragraphe.