Les braises

Souffler sur les braises, raviver la flamme, puis finalement la laisser mourir.  Ce qui est assez beau dans ce livre c'est cette intensité qui monte, qui monte, et puis qui s'effondre, sans bruit et sans fureur, dans un calme olympien.

C’est un roman dit « psychologique », écrit avec beaucoup de subtilité et talent je crois. La progression dans l’histoire nous tiens en haleine. Une très belle réflexion sur l’amitié, l’amour, le temps. L’action se détourne en environ 24h, c’est une conversation entre deux amis après 41 ans sans se voir.

Cité comme un livre important de la littérature hongroise du XXe siècle, ce court livre démarre plutôt bien, personnages en place, contexte de fin d'empire autro-hongrois, enfance, secrets du passé, etc jusqu'à ce que débute l'entretien entre les deux protagonistes qui tourne hélas à une conversation (ou plutôt un monologue) archi poussif, ennuyeux, sans relief, couronné par une thèse sur la passion du niveau d'une dissertation de classe de 3ème ... Bien déçue.

Lu dans le cadre de mon club de lecture, ce livre fut une belle découverte ! Déjà, un livre court et concis, ça fait du bien entre deux saga de fantasy de plusieurs tomes 💀 Ensuite, nous suivons l'(in)amitié de deux hommes, de deux milieux différents, ayant grandis dans des environnements où l'honneur exigeait le silence et la non-expression de ses sentiments. "D'ailleurs cette amitié ne prêtait guère aux railleries ni aux sarcasmes car elle était faite de tendresse, de sérieux et de dévouement absolu l'un pour l'autre ; oui, il y avait en elle quelque chose d'inéluctable dont le rayonnement ôtait toute envie de plaisanter" "Si tel d'entre eux subissait une déception, il se taisait. Pour la plupart, ils se turent toute leur vie." La deuxième moitié du livre se concentre sur une conversation de cœur à cœur entre les deux hommes. Si le dialogue aurait pu être plus équilibré, il n'en reste pas moins une belle démonstration des années de réflection de l'un et de l'autre sur le sens de leur amitié, sur le pardon, sur leurs propres fautes. 🥺 "Nous étions enfants et nous étions amis : dons merveilleux du sort. Remercions-le de nous avoir permis d'en bénéficier." Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est un des personnages secondaires : Nini, la nourrice du protagoniste. Une femme sans âge, à l'aura mystique, propre aux sages. ✨ "comme si en ses os, en sa chair et en son sang, elle recelait l'énigme du temps et de la vie, un secret indicible, incommunicable " "Le courage de cette femme emplissait la maison, traversait les gens, les murs, les objets, agissant comme le pouvoir mystérieux qui, dans les théâtres ambulants de marionnettes, actionne Guignol et le Gendarme. Il y avait des moments où les habitants du château sentaient qu'elle soutenait tout et tous."

Magnifique. Un très grand auteur . Écriture d'une grande délicatesse.