Les vies de Jacob

De l’anonyme à l’universel ! C’est d’abord une trouvaille. Un album en simili cuir que l’auteur achète au marché aux puces abritant 369 autoportraits du même homme. L’anonyme se grime, change de costume, parfois barbus, parfois en uniforme, au fil des séances de photomaton. On pense à ce personnage dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain incarné par Mathieu Kassovitz. Dans le film de Jean-Pierre Jeunet, Nino est un grand collectionneur des planches de photos abandonnées dans les Photomaton. Un personnage inspiré de l’écrivain Michel Folco qui avait cette même lubie. Un jour, il découvre des photos déchirées du même inconnu. C’est le début d’une histoire. Dans le livre de Christophe Boltanski, l’inconnu n’est pas le réparateur des Photomatons. On pense à un artiste performeur annonçant la folie des selfies tant les mises en scènes sont variées et maitrisées. Intrigué, l’auteur se fait enquêteur et découvrir la vie de ce personnage. On découvre qu’il s’appelle Jacob B’Chiri, qu’il a grandi à Djerba pour ensuite vivre en Israël. L’enquête révèle la vie riche en rebondissement de cet homme qui voyage à travers la France, la Suisse, la Tunisie. Christophe Boltanski retrace la vie de cet homme, son histoire rocambolesque dans un jeu de piste haletant. Il rythme son enquête en s’adressant à Jacob, comme son partenaire, un ami qu’il n’a pas connu. À l’instar de son oncle, l’artiste Christian Boltanski, l’auteur joue avec l’anonymat. Mais ici, la fiction est dépassée par les vies de Jacob, exilé tunisien, diplômé d’architecture, ancien soldat, père de famille et finalement responsable de la hevra qaddisha, le service funéraire du Consistoire de Paris. Christophe Boltanski construit un livre pas à pas, un livre qui fait œuvre dans une langue modianesque. Plus que de nous révéler les vies de Jacob, l’auteur nous offre généreusement une pensée sur ce qui fait nos vies, ce qui nous relie à nos morts. C’est un livre remarquable, lu à sa sortie et que je garde précieusement tant il touche à l’universalité des émotions.

Octobre 2021

L’auteur de ce livre, Christophe Boltanski, tombe sur 369 photos de Jabob, toutes prises dans des photomatons différents ! Ces « selfies » vont le plonger dans un grand questionnement qui est : qui est Jacob, et pourquoi toutes ces photos ? À travers les petits indices dissimulés dans l’album, des dates, des lieux, des noms, Christophe part en quête de trouver des réponses à ses questions, même s’il faut pour cela traverser des pays, cherches des personnes fantômes, ou se heurter à des murs ! Ce roman rempli de mystères vous fera voyager de l’Israël à la France en passant par la Turquie, et saura vous tenir en haleine jusqu’à la découverte de l’identité de Jacob !

J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire, je ne voyais pas bien où voulait en venir Boltanski. Et puis, j’ai été prise par cette recherche. Qui était cet homme qui se photographiait régulièrement dans les photomatons ? Pourquoi ? Et pour qui ? Un roman surprenant, bien écrit, et au final prenant.