Au printemps des monstres

Quelle merveille ! Et quel travail ! Je n’ose imaginer le temps passé à consulter toutes les archives concernant l’affaire. Livre divisé en 3 parties, 1ère avec tous les détails de l’affaire, 2ème avec tous les détails… oh puis non j’en dis pas plus, ça gâcherait la surprise et l’avis que vous pourriez vous faire ! Très intéressée d’en discuter avec vous !

Je suis assez fan de Philippe Jaenada (La petite femelle, La serpe) et de ses analyses hyper fouillées et documentées de "cold cases" mêlées de réflexions personnelles hautes en esprit et en humour, mais alors là il s'est vraiment surpassé. Mérite le Goncourt haut la main.

La première partie commence de manière assez classique, comme un récit de true crime agrémenté de digressions de l’auteur. Rien d’ébouriffant à première vue, mais c’est pour mieux retourner l’histoire (vraie) comme une crêpe. La contre-enquête est magistrale. Outre l’intrigue de l’enquête, c’est aussi toute une époque qui revit, encore proche mais pourtant si lointaine. Une certaine poésie s’en dégage, malgré l’horreur du crime relaté.

Bien rare que je n'arrive pas à finir un livre mais il y a ici beaucoup trop de détails, de longueur ! Une écriture intéressante, un sujet avec du potentiel mais beaucoup trop lent et long.

Voilà je viens de terminer la brique de 749 pages du dernier Jaenada et je suis dubitative... Certes, j'adore Philippe Jaenada, j'ai aimé la Serpe, la petite femelle, Sulak et puis ses livres précédents inspirés par sa propre vie avec toujours ce style qui n’appartient qu’à lui rempli de digressions et d’humour. J'aime ce style, si particulier (et je conçois qu’il faut aimer! Je parle comme il écrit donc j’adhère ;-) ), rempli de parenthèses, de sous-histoires, de sous-sous-histoires, puis de retour au sujet principal, et des évènements de sa propre vie au moment de l'écriture. Ce dernier livre lui a pris 4 ans et a été écrit en partie pendant le confinement. Dans ses derniers livres (que j'ai cités), il relate des affaires criminelles. Il reprend l'enquête à zéro, il refait l'enquête de A à Z, il rencontre les protagonistes survivants, il hante les archives, il contacte les avocats, il s’entoure d’enquêteurs, il voyage, il s'imprègne des lieux, lieu du crime, lieu de vie des différents personnages de l’histoire (qui ont souvent beaucoup changé). Et il arrive à éclairer d'un regard neuf une histoire criminelle jugée ... la vérité judiciaire comme on l'appelle, n'est pas toujours celle qu’il découvre quand il reprend tout à zéro, quand il épluche si minutieusement un dossier. On se rend compte que les policiers, les légistes, les juges et les avocats n’ont pas toujours le temps nécessaire à consacrer à une enquête et que des erreurs, des oublis, des déformations de la réalité sont commis ... Cette histoire m’a pourtant moins passionnée, peut-être l’histoire elle-même malgré le fait divers sordide, le meurtre d’un petit garçon de 11 ans, malgré que tous les protagonistes soient des personnages ambigus, troubles, voire faux ou carrément menteurs, malgré qu’on se rend vite compte que le condamné (qui a quand même passé 41 années en prison) n’est probablement pas le meurtrier. Certains passages m’ont paru très, trop longs .. J’avoue avoir sauter des pages (c’est la première fois). Bref ... ce livre est pour les inconditionnels de Jaenada. Pour ceux qui veulent découvrir cet auteur si particulier mais j’aime tant, je conseillerais de lire « la petite femelle », l’histoire de Pauline Dubuisson, condamnée à perpétuité pour le meurtre de son fiancé, femme libre, trop libre pour l’époque. Son histoire avait été mise en images dans les années 60 par Henri-Georges Clouzot dans le film « la Vérité ». Et son procès donnera envie à Jacques Vergès de devenir avocat ! Ou encore « la Serpe » qui relate un autre fait divers sordide dont le principal suspect (qui a été acquitté) n’est autre que l’écrivain Georges Arnaud qui a écrit « le salaire de la peur » qui sera mis en image par ... Henri-Georges Clouzot (tiens tiens encore lui ... mais il n’y a pas de coïncidence avec Jaenada).