La vie clandestine

C'est avec beaucoup de pudeur, de sincérité et d'intelligence que Monica Sabolo conduit l'entreprise littéraire singulière qu'est la vie clandestine. Elle y interroge le recours à la violence et aux armes choisies par les membres par les membres d'action direct dans les années 80, trouvant dans leurs parcours des résonances profondes avec une enfance douloureuse.

Je suis sûrement passée à côté de ce roman que j’ai failli arrêter plusieurs fois et que j’ai terminé. L’écriture est subtile, précise, mais son parcours croisé m’interroge, me laisse perplexe, voire parfois me dérange.

Tout en enquêtant sur les membres du groupe d'extrême gauche action directe, c'est son propre passé que la narratrice explore. Par la mémoire qui est nécessairement mouvante, capricieuse, elle explore les secrets de famille, les non dits, l'ambivalence des sentiments, l'ambivalence d'être soi, le bien et le mal qui cohabitent en chacun de nous. A la recherche d'une véracité tout le temps inaccessible, elle brode un récit qui est finalement sa propre vérité, la propre histoire qu'elle se raconte d'elle même et des autres. Mais peut on jamais vraiment se comprendre soi et les autres ? La vérité est multiple. C'est sublime, beau, sensible et terriblement humain. Un livre dont je me souviendrai longtemps. Une merveille.

En retraçant le parcours d’un groupe terroriste d’extrême gauche, Action Directe, c’est son propre passé que Monica Sabolo remet en perspective. Elle va essayer de percer les secrets autour d’un groupe politique, engagé et violent pour mieux comprendre les zones d’ombres de sa propre famille et notamment les activités occultes de son père. Monica Sabolo concentre son enquête sur l’assassinat en 1986 de Georges Besse, PDG de Renault. Elle va notamment essayer de dresser le portrait de deux femmes, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, condamnées à la réclusion criminelle à perpétuité pour ce meurtre. Comment ces deux femmes sont-elles devenues des meurtrières ? Je me suis un peu perdue dans ce récit qui retrace à la fois les actions d’un groupe extrémiste mais aussi le passé sombre de la narratrice. J’aurai préféré une véritable immersion dans le mouvement d’Action Directe afin de mieux comprendre leur mécanisme. Finalement ce sujet est uniquement un prétexte pour Monica Sabolo pour se réveler à elle-même et évoquer un passé traumatique. Ce mélange ne m’a malheureusement pas convaincu.

J’avais beaucoup aimé “Crans-Montana” il y a des années et j’avais hâte de lire ce nouvel ouvrage. Finalement, je n’ai pas accroché: l’histoire d’action directe m’a profondément ennuyée. La partie autobiographique est en revanche très bien écrite, et bien plus prenante.