Le dernier enfant

Moments de vie de parents qui voient leurs enfants leur échapper. Une impression de se retrouver dans le récit de Philippe Besson. Joli livre sur la maternité et la séparation …

Un livre touchant, qui questionne sur les rites de passage que nous vivons tous à un moment, que ça soit la blessure d’une mère face au sentiment d’abandon ou l’émancipation du fils. La plume de M. Besson touche toujours juste, et ce roman m’a renvoyé 8 ans auparavant quand j’ai quitté la maison. J’ai maintenant la tête pleine de question pour ma mère 😂...

Un roman tout en nuances, sobre et déchirant, sur le vacillement d'une mère le jour où son dernier enfant quitte la maison. Au fil des heures, chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l'horizon inconnu qui s'ouvre devant elle. Théo va quitter la maison, prendre son envol. Une chose incompréhensible pour Anne-Marie, sa mère. Ce matin-là, c’est le dernier petit déjeuner qu’elle lui prépare. Le dernier avant les autres qui ne seront plus pareils. Puis vient le déménagement et l’emménagement. Ne pas en faire trop, mais suffisamment pour retenir cette présence. La sentir, la frôler du bout des doigts. On essaiera de plaisanter comme pour alléger cet instant qui se rapproche, l’instant des au revoir, du dernier regard dans le rétroviseur. Il aura suffit d’une journée pour que tout bascule. Pour que le vide s’installe. Un vide, un gouffre qui semblent insurmontables à Anne-Marie. Que va être sa vie sans son petit dernier ? Qu’est devenu leur couple à elle et Patrick, son mari, durant toutes ces années ? Comment faire avec cet éloignement qui s’est installé entre eux au profit des enfants ? Il faudrait tout changer pour repartir à zéro ... mais ce qu’on fait à 20 ans, on ne le refait plus après et son mari le sait très bien. Patrick, sous ses airs bourrus, sent le vacillement de sa femme, sa fragilité. Il doit la retenir. Dans ce roman, Philippe Besson développe, avec beaucoup de sensibilité, cette connivence qu’il y a entre une mère et son fils. Ce besoin jamais assouvi d’une mère à protéger. Il a cette manière bien à lui de décrire l’impalpable, de déceler ce qui se cache derrière certains regards, certains gestes. Il dresse avec une justesse incroyable un huis clos familial marquant un point final à une époque où ils n’existaient que comme une famille et où désormais chacun va devoir réapprendre quelle est sa place. Impossible de ne pas se reconnaître chez cette mère qui ne sait plus à quel moment son petit garçon est devenu un homme et lui a définitivement lâché la main.

Dimanche, C’est le jour qu’a choisit Théo pour emménager dans son petit appartement, pour poursuivre ses études. Fini les réveils par maman, exit les repas de famille, il compte bien profiter de sa nouvelle vie, de sa nouvelle liberté sans tout expliquer à ses parents. Théo c’est le dernier enfant d’ Anne-Marie et Patrick, le dernier à partir. A la maison, il ne sont plus que tous les deux et c’est le vide…Le silence… Le manque… L’ennui… La déchéance… Le déclin… La fin… Anne-Marie et Patrick sont des parents d’un autre temps, je suis une maman d’une autre génération pourtant je me suis sentie tellement proche d’Anne-Marie et de son désespoir. Peut-être que dans une dizaine d’années, je serais devenue elle et que j’aurais le même désespoir. Quand on a donné toute sa vie à vivre pour ses enfants, que l’on a tout sacrifié pour leur offrir tous les moyens afin qu’ils aient la plus belle des vies. Sommes-nous encore des mamans ? Quel avenir avons-nous après eux ? Cette lecture a percuté mon cœur de maman, j’ai vécu chaque mots comme étant les miens, j’ai vu en Anne-Marie celle que je serais. Philippe Besson a raconté la vraie vie sans fioritures, celle qui se passe derrière les fenêtres d’une maison comme beaucoup d’autres. C’est la fin d’une époque et un commencement, le tout est de savoir le commencement de quoi ? Cette histoire se lit en un seul souffle !

Il m'aura fallu une soirée pour découvrir le dernier Philippe Besson. Quelle douceur, quelle délicatesse ! L'auteur s'empare d'une situation que tous les parents ont vécu ou sont amenés à vivre: le départ de son enfant du nid familial. Un envol souvent synonyme de solitude et de nouvelle vie pour les parents qui doivent apprendre à revivre à deux...