Minette.Morvan- 16/01/2021

La vie après les enfants ...

Un roman tout en nuances, sobre et déchirant, sur le vacillement d'une mère le jour où son dernier enfant quitte la maison. Au fil des heures, chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l'horizon inconnu qui s'ouvre devant elle. Théo va quitter la maison, prendre son envol. Une chose incompréhensible pour Anne-Marie, sa mère. Ce matin-là, c’est le dernier petit déjeuner qu’elle lui prépare. Le dernier avant les autres qui ne seront plus pareils. Puis vient le déménagement et l’emménagement. Ne pas en faire trop, mais suffisamment pour retenir cette présence. La sentir, la frôler du bout des doigts. On essaiera de plaisanter comme pour alléger cet instant qui se rapproche, l’instant des au revoir, du dernier regard dans le rétroviseur. Il aura suffit d’une journée pour que tout bascule. Pour que le vide s’installe. Un vide, un gouffre qui semblent insurmontables à Anne-Marie. Que va être sa vie sans son petit dernier ? Qu’est devenu leur couple à elle et Patrick, son mari, durant toutes ces années ? Comment faire avec cet éloignement qui s’est installé entre eux au profit des enfants ? Il faudrait tout changer pour repartir à zéro ... mais ce qu’on fait à 20 ans, on ne le refait plus après et son mari le sait très bien. Patrick, sous ses airs bourrus, sent le vacillement de sa femme, sa fragilité. Il doit la retenir. Dans ce roman, Philippe Besson développe, avec beaucoup de sensibilité, cette connivence qu’il y a entre une mère et son fils. Ce besoin jamais assouvi d’une mère à protéger. Il a cette manière bien à lui de décrire l’impalpable, de déceler ce qui se cache derrière certains regards, certains gestes. Il dresse avec une justesse incroyable un huis clos familial marquant un point final à une époque où ils n’existaient que comme une famille et où désormais chacun va devoir réapprendre quelle est sa place. Impossible de ne pas se reconnaître chez cette mère qui ne sait plus à quel moment son petit garçon est devenu un homme et lui a définitivement lâché la main.