Dernière visite à ma mère

Ce récit, c’est la déclaration d’amour d’une fille pour sa mère. Sa mère, qu’elle est entrain de perdre, petit à petit. Quand les souvenirs s’évaporent, que les mots s’effacent de la mémoire. Quand les gestes les plus simples disparaissent pour ne laisser place qu’au vide et à l’isolement. Quand tout ce qu’il reste de toute une vie, c’est la fin du jour. Avant que la nuit ne tombe définitivement sur elle. À 92 ans, la maman de Marie-Sabine Roger se voit contrainte d’intégrer un EHPAD. Le quotidien est trop dur, trop dangereux pour elle. Tout est source de difficultés. Avec toute la culpabilité qui accompagne une telle décision, pour les proches, il y a également l’horreur de la situation, qu’il faut affronter. Le quotidien, terrible, à accepter, lorsqu’un parent intègre une institution de ce type. Les soignants font au mieux, Marie-Sabine Roger le sait, avec ce qu’ils ont. Mais c’est le temps qui manque. Le personnel, les moyens, tout simplement. Vieillir est cruel dans une société qui ne cherche qu’à mettre en avant le rendement et la rentabilité. Avec beaucoup de douceur et de justesse, Marie-Sabine Roger nous livre un témoignage intimiste sur les derniers mois de sa mère. Ces derniers mois durant lesquels elle sera contrainte de lâcher la main de cette femme qu’elle aura tant aimé. Ces derniers mois durant lesquels l’urgence de la vie se résume à quelques mots : dire je t’aime. C’est d’une beauté incroyable, d’une humanité poignante et plein de luminosité. Un récit qui résonnera en chacun de vous. Un témoignage à ne pas manquer. Un témoignage que tous les soignants exerçant en EHPAD devraient lire. Obligatoirement. . Quand je lis ce genre de témoignage, je sais pourquoi j’ai choisi ce métier. Vraiment.

RETOUR DE LECTURE ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ Quand on ouvre un livre de Marie-Sabine Roger, on sait qu’il va y avoir un chamboulement émotionnel. Quel livre !!! Descendre marche après marche cette descente vers la vieillesse, vers un enfer et y trouver de la lumière. Ce livre est lumineux et sombre à la fois. Tout en pudeur, il est éblouissant. Un récit intime rempli d’une émotion à fleur de peau. « Depuis longtemps, j’ai trouvé le remède à l’angoisse, ce remède facile qu’est l’émerveillement. Je ne vis pas dans la béatitude, je crois être consciente du monde qui m’entoure, avec sa dureté, ses injustices, et sa folie rampante. Je ne glorifie en vain ni la terre porteuse ni notre espèce humaine, parasite, égoïste, ingénieuse. Je ne suis plus tellement naïve. Parfois la vie m’érafle, parfois elle m’égratigne, me blesse au plus profond, mais j’ai toujours la foi. Pas la foi religieuse, non, une foi d’un autre ordre, enfantine, disposée à l’étonnement, encline à l’ébahissement. Ma gratitude vient du spectacle qui m’entoure. » « La vie est un bien précieux. C’est aussi un mal incurable. Personne n’en guérit jamais. » «Je dis que je vais bien, et vous devez me croire. Pourtant ma mère est morte, et la vie continue. »

J’ai d’abord été surprise par l’écriture: magnifique et poétique qui rend le récit émouvant, un style captivant qui décrit joliment les moments de vie. Qu’est-ce que j’ai surligné ! L’histoire de sa mère, de sa maladie et de son état qui se dégrade m’a profondément attristé. Lire ces dures épreuves à l’Ehpad fait mal au cœur, je me suis questionnée à plusieurs reprises durant la lecture. Malgré les thèmes durs, que ce soit la mort, la vieillesse, le deuil,... j’ai trouvé ce roman intime super beau. C’est parfois difficile de se dévoiler et je me suis retrouvée dans certains moments, c’est agréable de lire des mots qu’on ressent nous-mêmes.

Un récit intime, bouleversant et nécessaire... Coup de ❤️

Comme un journal intime, l’auteur essaie de mettre des mots afin décrire cette distance progressive qui se créé à la suite du placement en EHPAD de sa maman. Tout cela avec courage & mélancolie. Elle met en lumière une question de fond sur le placement des personnes âgées qu’elle nomme « mouroirs » en pointant du doigt le manque de personnel et de moyens qui condamnent les personnes âgées à des conditions de vie inhumaines. Perte d’autonomie, perte de mémoire, perte de dignité, perte de l’envie même de vivre… de ce décompte qui précède la mort ne demeure finalement que le silence. Au delà de cette question, l’auteur partage également un récit poignant sur la relation compliquée qu’elle entretenait avec sa mère. La distance physique qui séparait l’auteur de sa mère était aussi sentimentale. Consciente de ses peines et ses regrets, elle a écrit ce roman en guise de « Je t’aime » quand il était déjà trop tard…