Hey Djo !

Parfois on a l'impression de tout donner pour accompagner, éduquer, encourager, soigner, aimer. Mais les années passent et l'on peut se rendre compte que la seule chose que l'on a oublié de donner c'est soi-même. Qui l'on est. Nos enfants nous voient par le prisme de ce que l'on fait pour eux. Il faut du temps pour qu'ils puissent nous voir comme des personnes à part entière... du temps et du partage. Dans "Hey Djo", c'est ce temps de partage qu'il a toujours manqué. Djo ne connaît pas son père. Il est toujours sur la route ( c'est son métier.) et leurs interactions se limitent aux besoins du quotidien. De sorte a qu'a 13 ans il n'a pas vraiment de souvenirs spécifiques avec son père ni l'impression de le connaître. Ils n'ont rien à se dire. Les vacances d'été et l'obligation de le suivre sur les routes, vont les plonger tous les deux dans un road trip libérateur. Car en découvrant son père dans son environnement de travail, avec les gens qu'il croise régulièrement et les lieux qu'il fréquente, Djo va s'ouvrir à la liberté de ton et d'action. D'un enfant réservé sans vraiment d'envie, il va puiser dans la complicité naissante une soif de liberté. C'est beau dans les textes, simples. Dans l'histoire de cette adolescence qui fleurit d'un coup et qui donne des ailes. Pour Djo, c'est l'été des premières fois. Mais surtout celle de cette première fois qu'il verra son père comme un homme qui a ses secrets, ses convictions et ses doutes. Le dessin aux traits fins donne à cette aventure l'aspect juvénile qui en découle. Marzena Sowa et Geoffrey Delinte nous livrent un bon moment de lecture sur ces moments qu'ils sont indispensables de partager pour s'apprivoiser. Et les occasions sont (trop) rares. Les journées trop denses, trop speed dans la liste des tâches à accomplir. Il faut saisir toutes les opportunités de ces moments à deux. Car ce sont celles qui permettent tout après. Et notamment de pouvoir sortir des ressentis éducatifs pour ne pas rester étrangers toute la vie.