Le cas David Zimmerman

Est-ce que l'on change à la rencontre des autres ? Peut-on devenir quelqu'un d'autre, qu'on ne se reconnaît plus ? Ou est-ce les situations de vie qu'on souhaite changer qui nous poussent vers d'autres lieux, gens, activités ? On pourrait sûrement répondre "oui et non", que ça dépend, qu'il y a tant de facteurs expliquant nos changements. Je pense plutôt qu'on se révèle. Que tout dort souvent au fond de nous et qu'un jour ça ressort, prend le dessus. Alors, il est plus aisé de mettre ça sur le dos d'une rencontre ou d'un événement marquant. Ça permet de trouver des raisons rationnelles. D'atténuer ce changement pour les autres, de lui trouver des excuses. Tout n'est pas dans le regard des autres, hein. Dans Le cas David Zimmerman, c'est bien la question principale : le regard que l'on se porte ou que les autres tiennent. Est-il conforme à nos exigences ? On suit David, un photographe discret, mal dans sa peau. Il sort d'une relation et couche brièvement avec une femme rencontrée au Nouvel An. À son réveil, il n'est plus lui-même. Il est devenu elle. Physiquement, en tout cas. Outre les soucis pour gérer cette nouvelle identité, il refuse d'abandonner celui qu'il était et met tout en œuvre pour comprendre et trouver une solution afin de redevenir lui. Lucas et Arthur Harari nous entraînent dans un thriller psychologique où la raison se perd entre les choix que l'on souhaite et ceux qu'on est censé devoir. C'est dense dans la lecture et atténué par des planches aphones, qui nous permettent d'admirer un graphisme urbain, presque impersonnel, qui peut correspondre à n'importe qui au final.. Un grand moment de lecture. Tant mieux si on se révèle, peu importe d'où vient le déclic. Si c'est compliqué d'assumer par peur de décevoir ou blesser, on n'a de toute façon pas le choix. Ça vient d'un coup et ne s'arrête jamais. Sauf à se médicamenter et ruiner sa vie. À lire, loin de la déprime des dimanches.

Une BD à contempler ! Les dessins sont magnifiques et le scénario prenant. Découverte en avant-première à un festival de la BD, je ne regrette pas mon achat. À lire et à contempler !