Bobigny 1972

Un superbe roman graphique ou je découvre le talent de l'illustratrice Carole Maurel pour raconter l'histoire du procès de Marie Claire Chevalier, jeune fille de 17 ans violée et dénoncée par son propre (sale, très sale) agresseur pour avortement clandestin. L'affaire est portée par la magistrale avocate féministe Gisèle Halimi au tribunal de Bobigny en 1972. Elle est soutenue par l'association "Choisir" fondée par elle même et Simone de Beauvoir, peu de temps après "le manifeste des 343" petition parue dans le nouvel obs pour demander la légalisation de l'avortement réunissant des anonymes et des femmes célèbres telles que les actrices Delphine Seyrig, Catherine Deneuve ou encore l’autrice Françoise Sagan. Outre le recit du procès, on y retrouvre la colère et le courage des femmes qui s'unissent pour faire bouger la justice et le droit. Une affaire capitale qui permettra à Simone Veil de porter le projet de loi depennalisant l'IVG en 1975. En outre, on y perçoit aussi la dimension de classes sociale s qui a son importance dans ce récit, sans les femmes de pouvoir de l’époque, la parole des victimes anonymes restaient bafouées, et même sanctionnées.

Triple peine. Il n'y a pas si longtemps la société imposait aux femmes une série de peines en cascades à celles qui avaient eu le malheur de croiser un bourreau. Il y a d'abord celle de l'agression, de la violence, où l'homme n'était que rarement inquiété. Puis venait la seconde peine, porter coute que coute l'enfant du salaud. Malheur à celles qui ne s'y résignaient pas et qui avortaient. La troisième sentence guettait, en plus de celle sociale de la "honte". Il a fallu alors la colère, et la rébellion. De 343 femmes publiquement d'abord, puis des associations. Pour aider, financer, écouter et orienter ces femmes victimes. Et lorsque l'absurde l'emportait et qu'un procès pointait son nez, il fallait défendre. Gisèle Halimi a fait partie de ces immenses femmes de courage. Dans "Bobigny 1972" on est pris à la gorge du tragique destin de Marie Claire. Du viol à l'accusation. De la honte à la culpabilité publique. D'une position de victime à celle de bourreau. Car c'est bien de ca qu'on accusait les femmes alors. D'infanticide. Surement ce qu'il peut y avoir de pire. La justice appliquait alors la loi des hommes. De ceux qui ne toléraient pas que la femme puisse décider seule. Ce procès a permis d'inverser les coupables. Non ce n'était pas les femmes et leurs droits mais la société et son mépris inhumain. Il aura fallu du talent, de l'audace, de l'abnégation et de l'éloquence pour arriver à ouvrir les yeux des juges, des parlementaires, de la société. Carole Maurel et Marie Bardiaux-Vaïente rendent un vibrant hommage a l'un des plus important procès du siècle dernier. C'est beau dans les formes, dans le ton, dans l'émotion qui nous est transmise. On est tous Marie Claire, peu importe notre genre. Il nous reste a préserver ce droit. A diffuser l'histoire de l'absurde dans nos sociétés. Pour que jamais nos descendances puissent oublier l'horreur subie en toute légalité. Ce sont les plus faibles qui sont le plus exposés. Nous avons tous un devoir de mémoire.

Simple et efficace, cette BD raconte ce procès qui a tout changé de manière très accessible. À lire et faire lire dès l’adolescence.

Je connaissais de nom l'histoire de ce procès. Cette BD est pour moi nécessaire à lire pour comprendre à quel point le combat des femmes pour l'avortement est intemporel.

BD qui devrait être lu à l’école. La BD nous rappelle que les femmes se sont battues pour des droits qui aujourd’hui nous paraissent acquis. Bravo a Maitre Halimi pour cette bataille et merci pour ce que vous avez fait pour les femmes ❤️❤️