Sebastien N- 11/02/2024

Devoir de mémoire

Triple peine. Il n'y a pas si longtemps la société imposait aux femmes une série de peines en cascades à celles qui avaient eu le malheur de croiser un bourreau. Il y a d'abord celle de l'agression, de la violence, où l'homme n'était que rarement inquiété. Puis venait la seconde peine, porter coute que coute l'enfant du salaud. Malheur à celles qui ne s'y résignaient pas et qui avortaient. La troisième sentence guettait, en plus de celle sociale de la "honte". Il a fallu alors la colère, et la rébellion. De 343 femmes publiquement d'abord, puis des associations. Pour aider, financer, écouter et orienter ces femmes victimes. Et lorsque l'absurde l'emportait et qu'un procès pointait son nez, il fallait défendre. Gisèle Halimi a fait partie de ces immenses femmes de courage. Dans "Bobigny 1972" on est pris à la gorge du tragique destin de Marie Claire. Du viol à l'accusation. De la honte à la culpabilité publique. D'une position de victime à celle de bourreau. Car c'est bien de ca qu'on accusait les femmes alors. D'infanticide. Surement ce qu'il peut y avoir de pire. La justice appliquait alors la loi des hommes. De ceux qui ne toléraient pas que la femme puisse décider seule. Ce procès a permis d'inverser les coupables. Non ce n'était pas les femmes et leurs droits mais la société et son mépris inhumain. Il aura fallu du talent, de l'audace, de l'abnégation et de l'éloquence pour arriver à ouvrir les yeux des juges, des parlementaires, de la société. Carole Maurel et Marie Bardiaux-Vaïente rendent un vibrant hommage a l'un des plus important procès du siècle dernier. C'est beau dans les formes, dans le ton, dans l'émotion qui nous est transmise. On est tous Marie Claire, peu importe notre genre. Il nous reste a préserver ce droit. A diffuser l'histoire de l'absurde dans nos sociétés. Pour que jamais nos descendances puissent oublier l'horreur subie en toute légalité. Ce sont les plus faibles qui sont le plus exposés. Nous avons tous un devoir de mémoire.