Les petits chevaux de Tarquinia

La langue, cette la langue, pétard. Je suis en train de développer une addiction à la langue, enfin je veux dire à l’écriture de Duras. 

Je fais le fanfaron après en avoir lu seulement deux c’est vrai, mais quand même l’écriture. Ça revient à se faire cueillir comme un vrai lapin de garenne happé par les phares d’une voiture (dans mon histoire la voiture freine et le lapin s’enfuit).

Il fait chaud dans Les petits chevaux de Tarquinia, très chaud même, un peu comme cet été qui n’en finit pas. Aucun personnage n’est attachant, mais la chaleur, la fournaise italienne, cette attente estivale, ces vacances d’amours impossibles, de couples qui se détruisent où qui se reconstruisent, vraiment il y a quelque chose de fascinant. Et je vous jure qu’à la lecture, on entend ces voix de quand on regarde des vidéos d’archives de l’INA ou des vieux films français en noir et blanc, la même langue qui s’écoute dans la tête. 

Je dis que j’ai moins aimé que Moderato Cantabile, parce qu’il faut un premier dans tout vous savez ? Mais celui-ci m’a beaucoup plu, pour des raisons plus symboliques, peut-être. Et que j’aime déceler cet humour planqué dans l’écriture de Duras, cette ironie frustrée qui laisse croire que ses personnages là vont s’étriper et puis. Et puis en fait, non. Mais j’ai des envies d’en lire d’autres et c’est ce que je retiendrais de ma lecture !

L’Italie, à nouveau. Le temps est aux vacances ennuyeuses, à la chaleur torride et aux amours difficiles et contrariées. L’adultère est contenu dans cet air, lourd. Les protagonistes cherchent à s’échapper, chacun différemment, de cette chaleur qui les assomme, mais pour l’essentiel, ils se partagent entre ivresse et désir. Le sommeil y est aussi un élément essentiel, comme porteur d’un espoir, celui de l’arrivée de la pluie, désir inassouvi, ce qui renforce le sentiment de frustration des protagonistes. Tout ramène Sara à vouloir prendre un nouveau départ, à fuir la monotonie de son quotidien. Elle cherche à combler le manque et l’absence. Son « espoir » d’y parvenir est-il vain ?

Il faudrait faire un livre de cocktails autour de l'œuvre de Marguerite Duras. Ce livre a été écrit 1953. Tout le long l'impression d'être dans un scénario de Jacques Doillon où l'on voit des bourgeois s'ennuyer et se divertir avec des conversations intellectuels et l'idée de l'adultère. De Sara on ne connaîtra aucune émotion ni trouble. Heureusement il y a la mer et l'alcool.

« L'amour, il faut le vivre complétement avec son ennui et tout, il n'y a pas de vacances possibles à ça. » J’ai chaud et je m’ennuie. Rien est plus vrai que cet ennui éternel de l’été, que cet enfer du chemin pour la plage, que ces camparis à gogo. J’aime ce livre car je suis amoureuse, de l’Amour, de l’Amitié, de la mer, de lui. Je rêve de t’emmener voir Tarquinia.

Premier livre de Marguerite Duras que je lis au style surprenant: bcp de dialogues qui passent du coq à l’âne, qui dissèquent des relations amoureuses et la difficulté de l’amour sur le long terme. Intéressant mais sans plus