Trois soeurs

Fin Juillet 2018 en Russie : Un geste ultime, une libération, un cauchemar qui prend fin avec la mort de ce monstre. Les sœurs Khatchatourian , Krestina, Angelina et Maria, sont retrouvées totalement mutiques auprès du cadavre de leur père. Elles sont arrêtées et placées en détention pour ce parricide. L’histoire de la famille Khatchatourian n’aura alors de cesse de défrayer la chronique, et secouer le pays. Deux clans s’opposent désormais. Les défenseurs des sœurs, qui ne cessent de clamer la légitime défense et prouver l’horreur de leur quotidien, contre les fervents supporters de la société patriarcale, et d’un père jugé « aimant » avec ses filles. Laura Poggiolo, une français ayant un amour profond pour la Russie, se saisit de ce « fait divers » dans ce récit pour aborder le sujets des violences intra-familiales et conjugales en Russie. L’auteure mélange les genres dans cet ouvrage, oscille entre l’histoire de la famille Khatchatourian, étude sociologique de la Russie moderne sur les violences conjugales, la place de la femme au sein de la société et sa propre autobiographie. L’auteur nous parle de son amour pour le pays, ses années d’études passées sur le territoire russe et sa propre expérience avec les hommes. C’est finalement cette partie que j’ai le moins apprécié, même si le regard d’une française ayant vécu là-bas est intéressant. Ce pays où une femme meurt toutes les quarante minutes sous les coup de son bourreau de conjoint/mari/amant. (Chiffre de 2010). Une société patriarcale si fortement ancrée, les violences faites aux femmes si injustement négligées et tues. Les voisins, les amis, la famille, la société et la justice détournent les yeux. Ce qu’il se passe au sein du foyer, ne doit pas être ébruité, encore moins sur la place publique. Un pays où les violences conjugales et familiales ont été dépénalisées. Pour ce qui est de l’histoire des sœurs Khatchatourian, l’auteure remonte le temps, et nous amène progressivement à la date fatidique du meurtre. Elle nous fait état des brimades, des humiliations, des violences physiques, psychologiques, morales et sexuelles qui ont régi la vie des jeunes filles durant toutes ces années et qui les ont amené à commettre le parricide. J’ai eu mal au ventre à la lecture de ce récit, j’ai été terriblement en colère et eu de nombreuses fois les larmes aux yeux. C’est un livre riche, poignant, intéressant. Il amène un regard hors médias français sur ce beau pays qu’est la Russie, mais un pays notamment ravagé par la violence. En souhaitant que la sombre histoire de ces trois sœurs puisse faire évoluer les mentalités russes, ouvrir les yeux sur les actes horribles qui se déroulent derrière les portes closes de bien des foyers russes. Que cette histoire soit bénéfiques aux milliers de femmes russes victimes, et fasse évoluer le droit en matière de violences conjugales, intrafamilliales et la légitime défense.

Mettre une note à ce récit est irrespectueux. On ne peut pas apprécier la lecture. On ne peut pas juger ce qui y est dit, tellement le récit est avant tout personnel, introspectif, tout en réveillant en moi des souffrances et un désespoir face à cette violence dont certaines ne réchappent pas, que la société ne protège pas.