La faim

Il m'a été agréable de découvrir ce classique de la littérature. La plume est étrange mais on s'y habitue très vite en suivant cet homme et sa descente dans la misère. Son orgueil le perd à chaque décision. On se questionne sur sa possible folie. Mais qui est sur c'est qu'on vit avec lui son désespoir et son abominable faim. Je recommande !

Un court mais dense roman psychologique et réaliste où l’on suit le parcours d’un jeune romancier sans le sou sur une période de quelques semaines. On est dans la tête du narrateur dont on ne connaît ni le nom ni le passé et l’on parcourt les rues de la ville en luttant pour survivre à la faim, au dénuement le plus total, au froid et à la solitude. Le narrateur est très orgueilleux et cache son état tant qu’il le peut. On souffre avec lui et on assiste souvent impuissant à sa chute et à ses décisions et ses choix qui vont à l’encontre de son bien-être et de son intérêt. Ce roman ne laisse pas indifférent, c’est un pur chef-d’œuvre à lire avec passion et avec des émotions fortes.

Le titre n'est pas mensonger et il s'agira bien de faim tout au long de ce récit. Dans cette Norvège du tournant 20ème siècle, notre héros aux nombreux noms ne connaîtra qu'une seule certitude, cette faim qui lui ronge les entrailles. Sans être avare de mots, boulimique presque, la honte qu'il éprouve de son extrême pauvreté le conduira aux confins de l'absurde. La lecture, facile, n'en est pas moins dense à bien des niveaux à y repenser. Un roman très percutant.

On se sent très à l'aise, au chaud quand on imagine le froid et la faim qui pourrait nous accabler.

André Gide parle d’un cas clinique que celui de ce personnage en proie à l’inanition perpétuelle. Les délires et tirades divagatoires s’enfoncent progressivement dans le vide de l’estomac, comme si il fallait occuper ce vide pour distraire les entrailles criant famine. Le plus malheureux je crois, c’est cette honte insurmontable qui le pousse à inventer mensonge sur mensonge pour éviter l’aveux de sa pauvreté. Il y a deux trois passages à vous soulever le cœur, c’est comme de voir quelqu’un vomir ses tripes, un mélange affreux de compassion et de dégout. Cette fin libératoire, c’est un voyage qui commence, une forme de sécurité garantie. Un dénouement autrement plus doux que ce qu’on imaginait.