L'aveuglement

"Je crois que nous ne sommes pas devenus aveugles, je crois que nous le sommes, aveugles qui tout en voyant, ne voient pas" Je considère ce roman un chef-d'œuvre ! Intense et en même temps rude, un roman qui met en évidence la véritable essence du genre humain, minable et égoïste quand il s'agit de survivre. En ce moment historique difficile face à une véritable pandémie, lire ce livre n'aide peut-être pas, mais j'insiste sur le fait qu'il doit absolument être lu.

Un homme devient soudainement aveugle. Cette cécité contamine alors toutes les personnes qu’il croise et devient rapidement une pandémie qui va donner lieu à des isolements, de la panique et atteindre des proportions démesurées. J’ai adoré ce livre. Et d’ailleurs vous recommande d’attendre vraiment d’être préparé·e mentalement avant de le commencer, car c’est grâce à cette attente que je l’ai apprécié autant. Plus tôt il m’aurait angoissé, il aurait été trop lourd. Préparez-vous pour une vraie expérience éprouvante. José Saramago a une écriture extrêmement dense. Les dialogues sont incorporés dans la narration ce qui donne la sensation de lire un bloc de texte sans fin. Mais j’ai trouvé ce style innovant et surtout très agréable. J’aime qu’un·e auteur·e me fasse découvrir un nouveau genre de narration, et c’était vraiment le cas ici. Le style de Saramago est un très bon point de ce livre. Une autre composante importante de l’histoire est le choix de ne nommer ni les personnages, ni les lieux, ce qui donne au roman un aspect universel, et étrangement cela rend la reconnaissance des personnages plus aisée. En plus de ce style de narration, José Saramago réussi également à éveiller des sens que je n’avais jamais autant éprouvé en lisant. Sans spoiler, quand vous lirez le roman, vous ne pourrez passer à côté de l’odeur ambiante, sans cesse décrite, rappelée et oppressante. Le roman va également crescendo dans l’horreur. Chaque page du livre dépasse la précédente dans le malaise et la détresse. Mais Saramago réussi malgré tout à rendre l'expérience éprouvante plutôt que repoussante. Je pense que mon engouement pour ce livre se lit à tous les niveaux, mais j’ai tout de même un seul reproche à lui faire : Le livre se veut d’une profondeur philosophique que selon moi il n'atteint pas. J’aurais aimé qu’il s’éloigne un petit temps des personnages pour approfondir son propos (à la manière de Kundera dans “L’insoutenable légèreté de l’être”). Mais selon moi ce n’est qu’un point anecdotique à côté de tout ce que le livre m’a fait ressentir. Je le recommande vraiment.

Oui, je range ce livre dans la catégorie des classiques à lire une fois dans sa vie. Le récit résonne d'autant plus post-confinement 2020. L'auteur est très très fort. On le sait, le monde peut être paralysé, c'est l'affaire d'une pandémie... Un monde qui cesse de tourner comme il a toujours eu l'habitude de tourner, confortablement assis sur ses acquis, ça fait mal, ça révèle le meilleur et le pire de l'humanité. Ce chef d'œuvre parvient à alterner entre récit angoissant (trigger warning inside) et beauté des liens que nous tissons à l'intérieur de petites communautés. Ça va vite, comme le rythme effréné de nos vies contemporaines. La maîtrise des dialogues au style direct, dénués de guillemets et de retours à la ligne m'a coupé le souffle. Ce livre restera tout près de mon cœur 🩶

Lire ce livre paru en 1995, en plein confinement du covid 19 en 2020, nous rappelle que de toute situation dramatique, il est possible d'en tirer des leçons. Il m'a été facile de rentrer dans l'histoire, ensuite, il faut tenir jusqu'au bout, certainement à cause du style narratif (les personnages n'ont pas de nom). Mais, ça vaut le coup ! Je ne peux pas m'empêcher de faire des comparaisons avec la crise actuelle.

Lecture assez difficile avec de nombreux passages scabreux. Peut-être était-ce la volonté de l'auteur de nous montrer l'être humain dans son 'état naturel'. Malheureusement je n'ai pas su percevoir le côté spirituel du récit...