Le tambour

S'il fallait que je commence par décrire ce qui m'a le plus marqué en lisant Le Tambour, c'est la densité du texte qui rend la lecture lente, lente et longue... 634 pages ce n'est effectivement pas rien. Ayant lu Cent Ans de Solitude de Gabriel García Marquez juste avant de lire Le Tambour, je pensais alors que tout comme avec le livre (de plus de 400 pages) de García Marquez, lu en 4 jours, je ne ressentirai pas le nombre de pages en heures et jours passés à le lire. J'ai pris près d'un mois, 28 jours, pour lire Le Tambour, temps que je n'avais jamais consacré à un seul livre. Étant donné que j'ai lu Le Tambour pendant le confinement en raison de la Covid-19, je ne regrette pas beaucoup d'avoir passé un mois à lire un seul livre, mais ce n'est pas la seule raison. Ce livre m'a ennuyé, m'a fait rire, m'a effrayé, m'a énervé, m'a, malgré sa longueur et son mélange, audacieux mais qui m'a moyennement plu, entre réalisme et fantaisie, ce qui sera plus tard appelé "réalisme magique" ; il faut, à mon avis, utiliser ce terme avec précaution si on veut l'utiliser pour désigner Le Tambour : Günther Grass est un précurseur du mouvement popularisé par García Marquez, mais si Cent Ans... et Le Tambour sont des livres très denses et peuvent perdre le lecteur facilement, lecteur qui ne manquera pas de trouver les analepses et autres détours stylistiques et romanesques des deux romans portant franchement à confusion, les bouleversements et les rebondissements de Cent Ans..., rendant ce livre si passionnant et déroutant à la fois ne sont pas ce que l'on trouve le plus dans Le Tambour, à l'action plus lente, plus décrite, qui n'hésite pas à faire tomber tel un marteau sur un clou la fin d'une intrigue. Cette lente construction m'a particulièrement ennuyé et a contribué à la lenteur de ma lecture par rapport à la vitesse avec laquelle je dévorai Cent Ans... Je ne pouvais résister : je devais tourner la page, savoir ce qui arriverai, adviendrai des Buendía, mais je devai me forcer afin de prendre connaissance du sort des Matzerath et autres Bronski. Pour autant, hormi trois ou cinq jours de carence, j'ai lu Le Tambour en entier. Malgré l'ennui, ce livre me fascinait et Günther Grass a réussi, à mon avis, son pari : ce livre résume tout notre XXème siècle et est à ce titre un chef-d'œuvre tout autant que Cent Ans... dont la comparaison avec Le Tambour est, je dois vous l'avouer, fallacieuse car uniquement motivée par le genre auxquel les auteurs se rattachaient et mon propre historique de lectures. Je suis heureux, bien que perplexe du fait de la trop grande (mais hautement justifiable, compréhensible et appréciable !) densité et longueur de l'œuvre. Ce livre continuera de me fasciner et de m'étonner. Je ne saurai vous dire si je le conseille à tous, mais si vous vous savez persévérant et amateur de textes denses, d'intrigues à la linéarité trompeuse, de voir une vie (si particulière soit-elle) se dérouler sous vos yeux, alors Le Tambour est fait pour vous. Je vous souhaite bonne lecture !