Splendeurs et misères des courtisanes

La première et seule oeuvre que j'avais lu jusqu'alors de Balzac était Illusions Perdues et Splendeurs et Misères des Courtisanes est sans conteste sa suite directe. Plusieurs choses m'ont interpellée : - la dédiabolisation relative de Vautrin/Herrera/Jacques Collin : en effet dans IP il apparaît comme une incarnation du diable en personne alors que ses faiblesses sont pointées dans SM - Lucien décrit comme un "poète" encore ds SM alors qu'il n'est plus question de lui comme artiste (question centrale ds IP) : est-ce un emploi purement ironique ? Je pense que lire IP et SM est une bonne façon d'entrer dans l'univers balzacien, l'intrigue est prenante. Dans SM j'ai particulièrement aimé le passage à la fin sur la langue et le vocabulaire des bagnards et comment il montre la force et l'expressivité de cette langue populaire. Enfin dernier détail : Balzac renvoie à plusieurs moments entre parenthèses à d'autres livres de la Comédie humaine ! On voit bien sa volonté de démiurge.

j’ai rarement été autant impliquée dans une lecture, certains retournements de situations laissent sans voix encore + quand on fait le lien avec les événements du Père Goriot et de Illusions Perdues

Janvier 2022

Suite de illusions perdues, les aventures de Lucien de ruban prêt continue, mais le maître Vautrin tient les rênes. Une histoire d’amour dévouée et honnête, mêlée aux amours de vieillesse Nuncigen.

Nous reprenons là où Illusions Perdues nous avait laissé : retour de Lucien dans les hautes sphères parisiennes. Mais de coup de théâtre en retournement, de basculement en surprise, Balzac rebat toutes les cartes ; Splendeur et Misère est un roman de poursuite, de cache-cache, de compromission, de marionnettiste, de duel entre les bandits et la justice. Deux points de bascule cruciaux s’opèrent, littéralement, en un coup d’œil. Par deux fois, on croit nos protagonistes perdus à cause d’un malheureux réflexe, un petit moment d’égarement.  Le point le plus fascinant reste de voir Jacques Collin tirer ces ficelles : le plus fort, le plus intelligent, aussi le plus ambigüe, à la fois par sa morale et son homosexualité jamais totalement avouée par Honoré mais souvent suggérée. Cette ellipse finale de 15 ans (qui sert surtout d’accroche aux lecteurs de roman-feuilleton de l’époque), laisse présager tant de possibles pour lui…