Les mangeurs de nuit

J'ai tout aimé dans ce livre, les personnages, l'omniprésence de la nature, le mélange des cultures et légendes, les émotions qui m’ont traversé au fil des pages. J’ai aimé cette belle écriture fluide et pleine de poésie, la triste histoire de ces émigrés japonais qui ont tenté leur chance au Canada, ce choc de culture où vont s'entremêler les légendes japonaises et amérindiennes. J’ai aimé l’histoire de ses deux familles qui vont vivre les ravages de la guerre, l'exclusion. J'ai appris beaucoup de choses dans ce livre, je l'ai trouvé très enrichissant. Et cette vérité toujours présente aujourd'hui qui nous montre que l’homme n’a pas beaucoup évolué puisque quand il a peur de ce qu'il ne connait pas prend toujours l'idiotie comme moyen de défense. Un livre qui donne envie de se battre pour plus de tolérance. J'ai pris une bouffée de nature avec Jack, creekwalker, habité par la forêt et les légendes amérindiennes. J'ai lutté avec Hannah, cette jeune fille qui se retrouve perdue entre sa culture de fille d'immigrés japonais et le Canada, ce pays qui la rejette. J'ai souffert avec le rêve brisée de tous ces japonais qui ont été parqué dans ses camps ou avec Aïka, la mère d’Hannah qui a tout quitté de son Japon natal pour épouser un homme qu’elle n’a vu qu’en photo. Quand le rêve canadien devient une désillusion. En lisant ce livre, j'ai pensé aux légendes et à la relation père - fille présent dans Betty de Tiffany McDaniel et Jack, quant à lui, m'a rappelé Pete Fromm dans Indian Creek, deux livres que j'ai adoré.

Quand l'histoire dans l'histoire vous est contée... Entre contes nippons et légendes indigènes... Entre semeurs d'espoir et mangeurs de nuit... Entre noirceur et beauté... De la poésie à l'effroi... La tragique histoire des Japonais au Canada... Des années 1920 à l'après-guerre en passant par Pearl Harbor, le sombre portrait d'une Amérique du Nord qui n'en ressort pas grandi, à travers une ode à la nature et au mélange des cultures. Une fresque historique et poétique en forme de patchwork, poignante et enrichissante. Une leçon de résilience et une lecture nécessaire qui raconte l'horreur dont est capable l'homme blanc... 🥺 ⛩️ Hannah puise chez son père tout l'amour que sa mère n'arrive pas à lui donner... Elle se repait de ses fées-histoires : les filles du vent... Fille d'immigrés japonais, elle est une Nisei mais se sent surtout canadienne et ne comprend pas pourquoi les autres enfants la traitent de "sale jaune"... Quant à sa mère, débarquée du japon pour un mariage arrangé, elle ne restera toujours qu'une "Jap"... ⛩️ Jack, lui, est un creekwalker amérindien qui vit en ermite. Il veille sur la forêt, recense les saumons auprès du gouvernement et se refugie dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère Mark à la guerre... Quand il recueille une jeune femme inconsciente et gravement blessée, la rencontre va s'avérer salvatrice pour l'un comme pour l'autre... Plus de vingt et un mille Japonais et Canadiens d'origine japonaise furent internés durant la seconde guerre mondiale dans des camps en Colombie-Britannique. Beaucoup furent poussés au départ vers le Japon après la guerre. Le gouvernement fédéral attendit 1988 pour leur présenter des excuses officielles et dédommager les survivants. Les mangeurs de nuit, petites lucioles des contes nippons, nous éclairent sur un pan méconnu de l'histoire. Une lecture marquante et magnifique ! 🫶

C’est très très bien écrit… on vibre dans la forêt, avec Hannah, avec ces femmes japonaises, on apprend une partie de leur histoire, inconnue jusqu’alors pour moi… Quand on le finit, on a envie de le relire pour en profiter encore ♥️

Marie Charrel alterne les années, les personnages pour nous plonger dans cette histoire si particulière. J’ai appris tellement de choses en lisant ce livre. J’ignorais l’existence des « picture brides », leur triste destin, ainsi que le racisme envers les Japonais au Canada après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les contes font partie intégrante du roman et s’alternent avec la narration. Un brin de douceur dans une vie parfois violente. Je ne peux que vous conseiller de le lire, c’est très bien écrit, les personnages sont attachants et l’intrigue nous tient en haleine jusqu’à la fin ✨

Ce magnifique roman allie avec courage et poésie des épisodes tragiques des premiers immigrés japonnais aux US et de ces milliers de jeunes femmes japonaises célibataires qui ont traversé l'océan pour épouser ces hommes. Il a le mérite de revenir sur des faits tragiques et d'empêchement à l’intégration, faits de discrimination. A travers des comtes japonais, amérindiens, Marie Charrel s'attache àdéployerune ode à la forêt, la nature, l'ours blanc. C'est magnifique. A lire aussi, sur ce thème de l'immigration de japonaises vers les US "certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka.