Le reve (ed.1889)

Ce roman d Émile Zola change de ses romans noirs habituels. Ici, on découvre l'histoire de la pauvresse Angélique rejetée, battue et abandonnée. Elle sera recueillie par le couple Hubert et Hubertine, tous deux brodeurs en Picardie. Ils décideront d'adopter Angélique après leur immense chagrin d'avoir perdu leur enfant unique. Ils élèveront Angélique et lui apprendront le métier de brodeuse. Angélique est une rêveuse avec ses lectures de la légende dorée et ces différentes saintes vierges qui l'accompagnent dans sa vie. Elle sait qu'elle va rencontrer le prince charmant dans sa vie. Un jour, à son balcon, elle se rend compte qu'un jeune homme cherche à l'approcher. Un amour naît vite entre ces deux êtres. Mais, arriveront ils à s'aimer à la folie ? Qui va entraver ce grand amour ? Une belle histoire tellement triste.

On connaît Zola pour ses romans sombres qui peignent avec une réalité incroyable la misère de la société du 19ieme siècle. C’est un Zola lumineux que l’on découvre dans ce roman, un Zola qu’y contraste avec celui de Thérèse raquin ou germinal. Une belle histoire d’amour réaliste qui fait du bien et réchauffe nos cœurs pour un petit instant.

Parmi les romans de Zola, ce récit, où l'auteur adopte le langage du rêve, de la naïveté, détonne. Une pièce atypique dans la fresque, plus sévère, des Rougon-Macquard, une bouffée d'air frais, une touche de féerie bienvenue. On y retrouve le style du naturaliste dans les longues descriptions détaillées du métier de brodeur, dans les listes des instruments innombrables utilisés par les Hubert et l'explication de leurs applications diverses. Seulement, c'est l'un des seuls aspects qui rapproche ce roman des autres de la série -si l'on exclue les considérations sur l'hérédité et ses effets physiques sur les sursauts de folie d'Angélique-. L'histoire nous est contée sur un ton léger, qui se rapproche plus de l'assurance calme et rêveuse d'Angélique narrant la Légende que du style habituel du romancier. Autre détail étonnant : l'histoire; Tout va dans le sens du rêve, de l'illusion de la jeune fille, il n'y a pas de désillusion; tout, ou presque, donne raison à Angélique, qui vit pourtant dans l'attente  d'un destin hors du commun. Bien loin d'une Anna Bovary -qui passe sa vie à être déçue de son existence, par une comparaison malheureuse aux romans d'aventure dans lesquels elle a tenté de noyer sa solitude-, Angélique ne cesse d'être confortée dans l'illusion de son fantasme, puisque les événements -et donc l'auteur- lui donnent systématiquement raison. Quelle conclusion, alors ? Quelle leçon le lecteur est-il censé tirer de ce récit, plus proche du conte de fée que du roman naturaliste -dans les faits plus dans le style- ?

Comble du romantisme, L'on y observe une forme de morale conventionnelle et ses grands fantasmes des saintes et martyr.es (parfois des deux). 🌠 Fait preuve de prévention sur la projection de son imaginaire et ses effets néfastes. Très intéressant, quelque part inspirant à demi mesure : Ouvrage poignant, dénué de parures, avec des personnages complexes ou plutôt complexés par les normes religieuses et sociales qui les incombent.

Ce roman n'est définitivement pas mon préféré de l'auteur. Les thèmes abordés ne m'intéressaient pas du  tout. La romance était fade et niaise. Il ne se passe  pas grand-chose, l'histoire est très plate selon moi. Heureusement qu'il est très court, sinon je pense que je l'aurais abandonné. En revanche, la plume de l'auteur me plaît toujours autant. Elle est directe et ne s'embarrasse pas trop de descriptions et de détails inutiles. Par contre, la fin est plutôt pas mal. Le personnage d'Angélique ne m'a pas vraiment intéressée, je l'ai trouvé simple et niaise. Je n'ai pas été transportée par son amour interdit, au contraire, même. Elle ne vivait qu'à travers ça, ça en est vite devenu lassant. Par contre, j'ai beaucoup aimé Hubertine parce qu'elle est la seule à essayer de raisonner sa fille. Elle a du caractère et elle s'inquiète sincèrement pour elle. En bref, ce n'est pas un livre qui va me marquer. Je ne dirais pas non plus que je suis déçue, car je ne m'attendais pas à avoir un coup de cœur.