Une parenthèse enchantée

Parmi les romans de Zola, ce récit, où l'auteur adopte le langage du rêve, de la naïveté, détonne. Une pièce atypique dans la fresque, plus sévère, des Rougon-Macquard, une bouffée d'air frais, une touche de féerie bienvenue. On y retrouve le style du naturaliste dans les longues descriptions détaillées du métier de brodeur, dans les listes des instruments innombrables utilisés par les Hubert et l'explication de leurs applications diverses. Seulement, c'est l'un des seuls aspects qui rapproche ce roman des autres de la série -si l'on exclue les considérations sur l'hérédité et ses effets physiques sur les sursauts de folie d'Angélique-. L'histoire nous est contée sur un ton léger, qui se rapproche plus de l'assurance calme et rêveuse d'Angélique narrant la Légende que du style habituel du romancier. Autre détail étonnant : l'histoire; Tout va dans le sens du rêve, de l'illusion de la jeune fille, il n'y a pas de désillusion; tout, ou presque, donne raison à Angélique, qui vit pourtant dans l'attente  d'un destin hors du commun. Bien loin d'une Anna Bovary -qui passe sa vie à être déçue de son existence, par une comparaison malheureuse aux romans d'aventure dans lesquels elle a tenté de noyer sa solitude-, Angélique ne cesse d'être confortée dans l'illusion de son fantasme, puisque les événements -et donc l'auteur- lui donnent systématiquement raison. Quelle conclusion, alors ? Quelle leçon le lecteur est-il censé tirer de ce récit, plus proche du conte de fée que du roman naturaliste -dans les faits plus dans le style- ?