Fort Comme la Mort

« S'il entre un grain de passion dans le cœur, il entre un grain de fiasco possible... Plus un homme est éperdument amoureux, plus grande est la violence qu'il est obligé de se faire pour oser toucher aussi familièrement, et risquer de fâcher un être qui, pour lui, semblable à la divinité, lui inspire à la fois l'extrême amour et le respect extrême... Or, si l'âme est occupée à avoir de la honte et à la surmonter, elle ne peut pas être employée à avoir du plaisir, [...].» « De l'amour » - Stendhal Olivier Bertin, peintre autrefois estimé et réduit pour vivre à faire le portrait des femmes de la bourgeoisie. C'est en faisant le portrait de l'une d'elles, la comtesse Anne de Guilleroy, qu'il tombe amoureux et devient son amant. Une relation extra-conjugale qui perdurera pendant des années, et qui va se voir mise à mal par le soundain retour d'Annette, la fille de la comtesse. Arrivée à l'âge de femme, et portrait craché de sa mère. Une ressemblance qui va ranimer dans le cœur du vieux peintre une passion amoureuse qu'il n'avait plus connue jusqu'alors et qui le mènera à la perdition... « Fort comme la mort » illustre à merveille la fameuse maxime stendhalienne citée plus haut. Maupassant, toujours habile dans les intrigues amoureuses, démontre avec la modernité de son style et de ses réflexions, que nulle n'est épargné par les affres du temps. La passion des débuts ayant laissé la place à un amour sincère, pudique, fait de petites attentions. Et cette passion nouvelle, qui n'a rien à voir avec l'amour, vient briser ce fragile équilibre. Mais pour quoi ? Un dernier frisson, l'envie de retrouver une seconde jeunesse, retrouver dans la fille l'être aimé jadis, l'estime perdue de ses pairs ainsi que la sienne. Un Maupassant méconnu, très peu cité, mais dont la peinture sociale et la description des sentiments amoureux en fait une œuvre intemporelle et définitive.

A nouveau, Maupassant m'a séduite. Cette histoire d'amour parfois cruelle est un plaisir à lire.