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Résumé
Si la confrontation de l'homme et du cancer, version contemporaine du "fatum", permet à Soljénitsyne une extraordinaire exploration des âmes, l'heure qu'il choisit pour situer ses personnages est en elle-même génératrice de désarroi profond. L'action se passe en effet en 1955 aux premiers moments de la déstalinisation, quand l'énorme falaise donnait les premiers signes d'affaissement. Alors commence au fond des consciences un débat qui n'en finira pas, et qui semble destiné à inspirer encore bien d'autres oeuvres de Soljénitsyne : comment tout cela a-t-il été possible ? et puis, comme le mensonge est au coeur de tout, a-t-on le droit de mentir pour la Cause ? Encore primitif et animal dans l'âme de Roussanov, le débat devient métaphysique et culmine dans la seconde partie, avec l'extraordinaire dialogue entre Kostoglotov et Chouloubine. L'un a été enterré pendant de longues années dans les camps, l'autre a fait ce qu'il fallait incessamment faire pour ne pas l'être. Laquelle de ces deux Russies a le plus souffert ? Car la seconde rappelle à la première qu'elle aussi a souffert, qu'elle aussi a sa part de douleur et de vérité. Mais du fond même de la terrible "caverne des idoles" naît un espoir, celui de changer les inexorables lois biologiques, celui de purifier "le ciel de la peur" et de faire apparaître un nouvel homme, socialiste et "moral". Rebelle dostoïevskien, silhouette sinistre et torturée d'oiseau de nuit en sentinelle sur le monde russe, Chouloubine est absolument inoubliable. Georges Nivat Traduit du russe par Alfreda et Michel Aucouturier, Lucile et Georges Nivat, Jean-Paul Sémon.