Belle du seigneur

Très belle et (un peu trop longue) description de la passion, de la montée du désir, son assouvissement et son inexorable déclin. Ariane et Solal n échappent pas à l ennui et la lassitude. Nos deux magnifiques héros en deviennent pathétiques et ordinaires.

Si cet ouvrage de plus de 1000 pages, écrites en tout petit, pourrait décourager les plus téméraires, il est, sans nul doute, le plus beau livre de ma bibliothèque.

Souvent considéré à tord comme « la plus belle romance de tous les temps », Belle du Seigneur est tout sauf une histoire d’amour. Dans ce livre imposant, Cohen dresse cyniquement le tableau de la société européenne de l’entre-deux-guerre. Chaque personnage représente de manière satyrique et exacerbée un phénomène sociale : Le carriérisme du piètre Didi, l’ennui bourgeois d’Ariane, le poids de la virilité et du judaïsme de Solal.. Véritable tragédie moderne, Belle du Seigneur dissèque une à une les étapes de la passion amoureuse. Cependant en amour, on ne peut contenir la fuite de la passion, surtout quand cette dernière repose sur une vision idéalisé de l’autre. Solal et Ariane l’apprendront à leurs dépends.

On s’envole avec les personnages, très haut, la chute n’en est que plus dure. Pour moi un des plus beaux romans d’amour , loin devant les un peu niais et fades héros adolescents Roméo et Juliette. Tout y est, les sommets, les faiblesses, les moments de grâce et les jeux moins nobles pour tenter de tromper l’ennui et le retour du réel qui s’insinue. L’ arrière-plan, dans l’étriquée société genevoise d’entre deux guerres, rappelle qu’on ne peut pas s’affranchir sans dégâts d’un milieu et d’une époque. Solal et Ariane s’y sont brûlé les ailes. «  pre-quel » : Solal, du même auteur, pour les midinettes comme moi qui n’ont pas eu assez du solaire héros et des eaux violettes de Cephalonie

Je m’interroge énormément sur ce livre, je suis entre la compréhension et l’incompréhension des personnes qui proclament ce livre de chef-d’œuvre. J’ai détesté Solal tout au long du livre, un homme toxique à fuir.