Herland

J’avoue que je ne suis pas entièrement convaincue. Honnêtement, je m’attendais à tout autre chose. J’ai été surprise que l’histoire soit narrée par un homme, même si cela permet d’avoir des réflexions intéressantes (on assiste en quelque sorte à la déconstruction du narrateur qui se rend compte de la position et de la soumission des femmes par les hommes dans son pays). Ensuite, j’étais plutôt déçue du point de départ de l’histoire (attention spoiler) : les femmes de Herland n’ont absolument pas défié le pouvoir masculin, elles se sont simplement retrouvées seules sans hommes et ont dû « faire avec ». Ainsi, leur émancipation n’était pas volontaire, contrairement à ce que j’avais imaginé en commençant le livre. Puis, j’ai été très étonnée que ce pays de femmes ait totalement renoncé à la sexualité - supposé que la sexualité est impossible sans les hommes ? Et (attention encore spoiler) finalement les 3 hommes parviennent en quelques sortes à se marier avec 3 femmes de Herland, même si ces dernières dictent un peu leur loi, j’ai plus l’impression d’assister à un retour en arrière qu’à des femmes qui se battent pour leur émancipation (Herland se porte si bien, pourquoi réintroduire des hommes dans l’équation?). Évidemment, il y a plein de choses intéressantes, ça reste très novateur pour l’époque (1915) et la lecture est très plaisante mais je suis un peu restée sur ma faim.

L’autrice raconte le périple de trois hommes au pays des femmes. A travers leurs yeux, elle critique la vision des femmes qu’ont les hommes à l’époque avec humour. Ça reste un témoignage intéressant du féminisme du 20e siècle. Malheureusement, c’est l’histoire de trois hommes blancs qui trouvent une « race aryenne » au milieu des « sauvages ». On retrouve des termes problématiques... à lire en gardant un esprit critique même si c’est une utopie féministe du 20e intéressante.

J'ai lu cette utopie avec de grand espoir et grande interrogations, comme est ce possible un monde où ne résident que des femmes dans un petit pays en totale auto suffisance et sans guerre depuis plus de deux siècles... Le pari est réussi et franchement pas déconnant ! J'ai adoré l'alternative, de l'utopie de Charlotte Perkins Gilman, qui au delà d'être magnifique, extrêmement bien construite, est d'un terre à terre qui dépasse l'entendement ! Herland si il existait représenterai un monde idéale pour moi 😍 Je finirai par ces phrases tirée du roman lui même: " Il ne sert à rien que j'essaye d'entremêler des aventures à ce récit. Si les lecteurs ne sont pas intéressés par ces femmes étonnantes et leur histoire, il ne trouveront ici aucun intérêts". Un de mes livres préférés à ce jour.

Terry Nicholson, Jeff Margrave et Vandyck Jennings partent en excursion et tentent de trouver le " pays des femmes". Ils découvrent une société où les femmes vivent entre elles et où le masculin n'existe pas, les femmes sont capables d'avoir seules des enfants. Charlotte Perkins Gilman dans cette utopie pousse loin l'idée d'une société entièrement féminine, où la maternité est au centre de leur société. Les femmes de cette société fictive vivent en effet en total autarcie et n'ont jamais rencontré d'hommes. Au travers l'aventure des trois aventuriers,l'auteure évoque des questions de société et remet ainsi en question certains concepts de notre société. Elle  pointe les effets du patriarcat sur les relations humaines mais aussi sur les modes de vie, de consommation dans les sociétés occidentales. En résumé, un livre captivant qu'on aimerait ne jamais finir, un rythme fluide bien qu'un peu long au début, une style d'écriture agréable. Toutefois certaines questions demeurent et mériteraient d'être approfondie.

On voit bien que le narrateur, qui est homme, se déconstruit sur sa vision des femmes et beaucoup de points fondamentaux sont abordés comme les rôles sociaux genrés, les stéréotypes, la domination masculine et le culte de la virilité. Mais cette société soi-disant utopique de femmes reste au final TRÈS essentialiste avec un culte de la maternité et de la fonction de procréation des femmes, toutes ces femmes sont douces, respectueuses, généreuses, ne se disputent jamais… ça en est presque déshumanisant voire malsain. Sans parler du fait que ces femmes, parce qu’il n’y a pas d’hommes, ont oublié ce que sont l’amour et la sexualité (pourquoi pas d’homosexualité ?), ainsi ce roman est aussi très heterocentré.. il ne faut évidemment pas oublier que ça a été écrit en 1915 et que c’était déjà très progressiste pour l’époque, mais de nos jours c’est assez dépassé, malgré beaucoup de réflexions encore très pertinentes et fondamentales.