Ayant vu le film un nombre incalculable de fois, j'ai mis du temps à me décider d'ouvrir ce livre. Il fallait que je me débarrasse des images, de mon ressenti, des comparaisons qu'on fait forcément quand on dissèque deux oeuvres racontant la même histoire.
Le livre est écrit sous forme de longues lettres, qu'Eva, la mère de Kevin, écrit à son mari pour lui raconter la vie qu'elle mène depuis ce JEUDI qui a fait basculer leur vie ; pas vraiment de spoil ici, Kevin ayant commis des meurtres en masse dans son lycée, trois jours avant son 16e anniversaire.
Les lettres revisitent le passé du couple, dépeignent les émotions et le caractère d'Eva, son histoire, ses idées politiques et sociales. Très vite les lettres prennent la forme d'un pamphlet contre un pays sur les nerfs, pris entre les agressions sexuelles de Bill Clinton à l'encontre de Monica Lewinsky, la tuerie du lycée de Columbine et quelques mois plus tard, les attentats du 11 septembre.
Eva, à la manière d'une Mrs. Dolloway du début des années 2000 n'épargne pas ses comparses nouveaux riches new yorkais, critique avec cet oeil acerbe lui donnant un rôle presque snob et méprisant bien qu'on la sache dévastée par cette tragédie.
Car Lionel Shriver l'a bien compris, quand un enfant est coupable, c'est souvent la mère qu'on accuse, et par le biais de son personnage principal, l'autrice dénonce le devoir de culpabilité infligée aux femmes qu'on voudrait parfaites, surtout dans le monde occidental et particulièrement aux États-Unis.
J'ai mis presque trois semaines à venir à bout de 600 pages. C'est un roman dense, et bien que je connaissais la fin après avoir vu le film, j'ai eu du mal à dévorer ce roman à toute vitesse. Besoin de poser le livre pendant plusieurs jours, pris d'étourdissement à la fin de chaque lettres, nourrissant un ressentiment certain pour l'espèce humaine. Il y a cette envie de savoir ce que l'on ressent dans ces moments là, un coté voyeur malsain à décortiquer l'âme d'une femme, de son pays, de ses proches lorsque tout s'effondre qui ne peut que donner raison aux propos du roman.
Il faut qu'on parle de Kevin est un grand roman, qu'on ne lit pas à la légère et dont les grosses cicatrices qu'il nous inflige ne se refermeront pas de sitôt.
C'était brillant, vous êtes prévenus !
Il faut qu’on parle de Kevin
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