Le bruit et la fureur

Mieux vaut avoir un peu d'entraînement (Joyce, Lowry) avant d'aborder ce livre difficile et culte qui nécessite un véritable effort pour surnager dans ce monologue intérieur, flux et reflux de la pensée, écrite comme elle arrive à l'esprit des différents narrateurs. L'effort en vaut la chandelle, on se laisse petit à petit emporter par ce torrent décousu, fascinant, puissant, on le lit, on le relit, on revient en arrière pour découvrir un passage caché, un sens, une énigme, une évidence.

Dans l'état du Mississipi, une vieille famille du Sud, hautaine et autrefois prospère, chute inexorablement dans la misère et l'abjection. A côté d'elle, une famille d'anciens esclaves subsiste comme elle peut. Dans chaque famille, trois générations s'y déchirent. J'ai eu beau m'accrocher à ce livre, pensez-donc : mon premier William Faulkner, j'ai eu beau relire certains passages pour mieux en saisir l'insaisissable, j'ai eu beau y mettre tout mon coeur de grand lecteur, j'ai eu beau, soir après soir, me remettre courageusement à la tâche avec une nouvelle hargne, rien n'y a fait, ce livre m'est définitivement tombé des mains ! Et pourtant, je ne suis pas de ce genre de lecteur à abandonner facilement, pensez donc, Boussole de Matthias Enard, livre hautement difficile à terminer, est passé comme une lettre à la poste ! Mais là, je suis tomber sur un os littéraire. Un os comme on en rencontre rarement ! Honnêtement, qui a pu venir à bout de cet obscur objet littéraire ? Un esprit supérieur, sans aucun doute... Suite de la critique sur : https://vistemboirs.blogspot.com/2019/10/le-bruit-et-la-fureur-williams-faulkner.html?m=1

Et voilà... je renonce. C'est une première! Je ferme le livre et le range. Malheureusement. J'ai essayé pourtant... j'ai lutté avec cette lecture qui est, aujourd'hui, trop laborieuse pour moi. Peut-être une prochaine fois?

Un livre pour les lecteurs invétérés. Il est très dur dans tous les sens du terme. C'était une des œuvres préférées de Gabriel Garcia Marquez. Je n'ose pas le recommander car il faut vraiment être prêt pour se lancer et ne pas désister. C'est indéniablement l'œuvre d'un prix Nobel.

Comment décrire le chaos de ces journées de Pâques dans le fin fond du Mississippi ? Demandez donc à Faulkner, vous ne serez pas déçus. On retrouvera quelques similarités avec Flannery O'Connor mais dans un cadre beaucoup plus intime, dense et avant tout suggestif. Faulkner brouille les pistes, nous promène, et tandis que nous, lecteurs, assistons immobiles au déferlement continu de cette famille Compson. L'exercice littéraire est admirable, bien qu'il puisse à n'en pas douter en refroidir plus d'un de prime abord. La préface du traducteur dans cette édition Folio de Gallimard est à ce titre précieuse et lumineuse. Une lecture qui vous prend les tripes.