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Résumé
La morelle noire « C'est bien une femme, il n'y a aucun doute, pourtant elle est en train de lire. Et elle ne lit ni histoire d'amour ni vers légers ; elle lit un ouvrage de médecine. Il faut forcément qu'elle ait envie d'apprendre quelque chose de mauvais. Ou alors elle a commis un acte malin et cherche un moyen de le cacher. Oui, il s'agit d'une femme, mais pourquoi alors n'est-elle pas à la fontaine à bavarder ou au marché en train de cancaner avec ses voisines. C'est une femme en train de lire. Tranquillement. Ah mais..., il doit s'agir d'une sorcière. Oui, ce doit être ça. Elle en a tout l'air... Elle s'appelle Hélène. « Je connaissais ce que connaissaient les autres femmes, avec leurs petits savoirs invisibles, [...] je savais aussi lit et penser et, en pensant, je pouvais prétendre aux mêmes choses que les hommes les plus célèbres de mon époque. Je me jurai que viendrait le jour où je dédierais tout mon temps au savoir, à l'apprentissage de tout ce que l'on peut lire dans les livres et dans les yeux des autres. Je voulais me consacrer aux soins et aux théories et je ne voulais jamais plus être la fille de l'apothicaire, ni la domestique d'un libraire, ni la maîtresse d'un philosophe. [...] La belle ingénue que j'étais ! Je ne connaissais pas encore le prix de l'indépendance... Avec un livre de prières entre les mains, on ne va nulle part. Être reine, comme Christine de Suède, et refuser de prêter son corps pour donner un héritier au trône ; ou herboriste et guérisseuse, telle Hélène Jans - une sorcière, diront certains -, et défier l'ordre établi ; ou encore thésarde irrévérencieuse, à l'instar d'Inés Andrade, digne héritière d'une longue lignée matriarcale... Les héroïnes de La Morelle noire s'affranchissent et se soustraient aux assignations en tout genre. Et, ce faisant, elles affirment qu'une autre lecture de l'histoire, trop souvent écrite uniquement par les hommes, est possible. Suivre les pérégrinations émancipatrices de ces trois femmes libres - en passant par Stockholm, puis Amsterdam, et jusqu'à un petit village de Galice où l'on découvre une malle aux parfums capiteux de framboise et de morelle noire - agit comme un sortilège irrésistible et exaltant. Teresa Moure compose avec La Morelle noire un herbier précieux, un ouvrage habilement cousu d'histoires intimes, de remèdes, de croyances, de sororité, de coutumes et de soins.