Les dangers de fumer au lit

Quel vent de fraîcheur que cette autrice ! C'est prenant, envoûtant, joliment glauque. Laissez un peu de temps après votre lecture du livre et vous verrez qu'il reste encore avec vous.

Les dangers de fumer au lit est un recueil de nouvelles. Mon avis est plutôt mitigé. Certaines nouvelles sont très biens, d'autres un peu moins, voire inutiles. J'ai été complètement happée par Les petits revenants ou Où es-tu mon cœur, et incroyablement déçue par Les dangers de fumer au lit (la nouvelle). Pour moi, l'ordre des nouvelles est mal agencé et aurait dû être pensé différemment. Les petits revenants, qui est la plus longue des douze, aurait dû se situer plus tôt dans le recueil, la suivante devant être plus légère et plus facile à lire. Le fait que la majeure partie des personnes soit féminin est un vrai plus. L'auteure a aussi une très belle plume, ce qui rend la lecture agréable. Quelques incompréhensions à la fin de certaines nouvelles comme Le Mirador par exemple, laissent un goût amer, une impression de trop peu. Dans l'ensemble, ça reste tout de même une lecture que je recommande.

J'ai eu un coup de cœur pour ce recueil de nouvelles horrifique très particulier car sans tabou et original, chaque histoire que compose ce livre, qu'elle soit courte ou longue est passionnante (aucune ne fait exeption), le lecteur se régale du début à la fin. La plume de Mariana Enriquez est très forte, et sait mené le suspense avec brio. Attention, tout le monde ne pourra pas supporter toutes les histoires notamment les plus sensibles car comme je le disais plus haut, il n'y a pas de tabou, on parle horreur pure, peur, angoisse, personne n'est épargné dans le genre humain, même pas les enfants ni les bébés, on a l'impression de sentir les odeurs tellement nous sommes plongés dans ce que nous conte l'autrice. Il y a des scènes de sexe explicites également donc ne laisser pas traîner le livre n'importe où. On entre dans l'âme humaine, dans ses pensées les plus terrifiantes, de la folie en passant par les visions, les croyances, la vengeance ou encore une certaine forme de sadisme. Frissons garantis. Je n'avais jamais lu l'autrice mais je vais me pencher sur son livre précédent, c'est une évidence. Vous noterez également la superbe couverture qui n'est autre qu'un tableau de Vincent van Gogh.

Comme il est incroyable le monde de Mariana Enriquez ! Peuplé de croyances occultes, de fantômes, de revenants et de jeunes femmes perdues. Comme elle est lumineusement noir, l’Argentine dépeinte par cette écrivaine et journaliste incontournable ! Au cœur de ces douze nouvelles se terre l’être opprimé, qui souffre ou qui se noie. Voire même tout cela à la fois. Ils vont souvent de paire. Pourtant, face à ce réalisme magique envoûtant, Mariana Enriquez dénonce et interpelle. Sur ce système de classes qui ne cesse de creuser un fossé de plus en plus profond, sur la pauvreté institutionnalisée et ses répercussions institutionnalisantes. Douze histoires d’horreur profondément poétiques et enivrantes au cœur desquelles se cache pourtant une tendresse infinie. Les personnages sont parfois effrayants, mais toujours attachants. Chacun à leur manière. Douze histoires. Et pas une seule qui ne vous fera pas vibrer ou frissonner. Laissez-moi vous le (re)dire : Mariana Enriquez est une grande, très grande écrivaine.

Des mécaniques toutes très différente. J’ai été dégoûté, j’ai été choqué, j’ai été surprise, j’ai eu froid dans le dos, mais tout est joliment écrit, à la limite du poétique. Certains traits psychologique peuvent même vous faire penser à vous. Tout est mis en place pour une immersion totale.