L'Archipel

Et si le dérèglement climatique avait raison de nos solidarités, qu'il creusait encore plus l'écart entre les peuples, que l'on se battait pour l'énergie, que nos débats sociétaux n'étaient plus basés sur le "mieux vivre" mais sur le "survivre" ? Si l'on était loin d'avoir réglé la toute puissance masculine et l'omniprésence du superflus ? Si enfin l'IA était tellement intégrée à nos vies que nos capacités de décisions en serait restreinte à des choix binaires… il resterait quoi ? C'est la dystopie que nous propose Sacha Goerg dans l'Archipel. Entre Tim et Chloe il y a le fossé de la condition sociale. Lui est le fils d'une riche crapule qui s'engraisse sur la spéculation des produits de première nécessité. Il zone, fait la fête, s'emmerde en laissant passer le temps. Elle est fille de fonctionnaire, déplacée par la mutation et nouvelle arrivante dans une ville au bord de la rupture. Elle se cherche, veut connaitre le futur et agir pour le changer. Entre eux il y a le metavers qui permet leur rencontre inopinée et leurs cachette de retrouvaille. On suit leurs différence et leurs déambulation dans ce monde instable. En pleine crise. Quelques soient leurs conditions ils seront touchés brutalement. Sans pouvoir réellement y échapper. Il devront faire avec meme si c'est plus simple quand les moyens de Tim sont la hein. Les puissants sont moins exposés, disposant de capacité de fuites sans communes mesures avec la grande masse qui tremble a chaque bulletin météo. C'est doucement violent. Calmement enragé. Tristement beau. On est pris par le crayon coloré et parfois très sombre de cette fable sociale bien plus probable que la prise de conscience qui permettrait de l'éviter. Alors il reste quoi ? Ben l'amour. Car lorsque tous les espoirs sont réduits et toutes les tentatives vaines, seul l'amour permet de se sentir à l'abri et rendre moins violente les conditions de survie. Il reste le combat aussi et la révolte mais ils sont bien plus incertains.