Emkla

"Restons donc entre nous, on se suffit à nous même hein. On n'a quand même pas besoin d'avis externes pour nous expliquer comment faire. On a nos lois, nos croyances, nos coutumes. Si tu n'adhères pas mieux vaut te barrer loin car tu ne peux pas être accepté chez nous. ". Certains se plaisent a nous conter sans cesse une fable xenophobe qui voudrait que l'autarcie soit la seule réponse valable pour une nation et qu'il faut savoir se préserver des cultures différentes qui ne pourrait que "nous remplacer". Dans "Emkla", on est plongé dans une communauté détraquée où les générations de vases clos ont dû vraisemblablement abimer les cerveaux et capacités de réflexion. Ils vouent un culte terrifié à la nature dans un mélange de méfiance et de fascination. Elle dicte les obligations, les rites, les espoirs et les craintes. Tout semble organisée autour des "signes" qu'elle envoie et malheur à celui qui ne les comprendrait pas ou n'accepterait pas ce qui en découle. Ici pas de place pour l'exterieur, l'étranger n'est pas admis ni tout ce qui pourrait provenir d'ailleurs. Au milieu de toute cette misère se dresse une jeune femme, avide de découverte et de changement. L'envie du large est plus forte que tout et la poussera à combattre le patriarcat en place pour tenter l'impossible.… en vain. Car Peggy Adam ne nous laisse pas vraiment espérer et les quelques respirations du récit ne sont que des petites pauses dans l'inéluctable de la situation finale. Mais c'est bien la que se trouve l'espoir justement. Car parfois il réside dans ce qui est sûr d'arriver sans changement. C'est bien parce que parfois on devine ce qui va se produire que l'on peut se convaincre de s'y opposer pour se permettre de tout changer. Ce qui vient de l'exterieur est une force pour nous remettre en question sur nos acquis, nos envies et nos capacités de découvertes. La différence et l'inconnue sont des sources d'évolution. Pas l'inverse.

En vérité, difficile pour moi d'adhérer au projet de Peggy Adam. Si les prémices de l'histoire laissait présager une athmosphère à la Night Shyamalan façon "Le village", la suite du scénario s'enlise dans le bizarre et parfois l'incompréhensible. Pour l'histoire, un village en fond de vallée, vouant un culte à Emkla, divinité tutélaire et quelque peu vindicative, isolé et cerné d'une forêt dans laquelle il est interdit d'entrer. Une jeune femme, l'héroïne, écartelée entre soumission aux traditions et un désir grandissant d'émancipation. Et le destin du village qui bascule brutalement dans un maelström cauchemardesque de catastrophes naturelles et de morts absurdes. Et puis l'errance finale du personnage principal l'amenant à rencontrer une tribu d'hommes/femmes loups(peut-être ceux-d'en-bas) ((l'un d'eux veut lui manger le pied, puis une meute animale arrive, puis les hommes/femmes loups se battent avec la meute, puis tout le monde est mort. Pourquoi pas)). Graphiquement passable, scénaristiquement bâclé. Pas ma came.