Crépuscule

Un roman bouleversant qui m’a fait couler quelques larmes sur sa fin tant la lecture m’a touchée. J’ai adoré l’écriture de Philippe Claudel, les longues descriptions des paysages, des personnages, des sentiments et des attitudes de chacun. On se retrouve en immersion totale dans cette petite ville oubliée et avec ce meurtre énigmatique comme point de départ. J’ai vu un avis parler de « roman hybride » et je rejoins totalement ce qualificatif : lecture où se mêle poésie, philosophie, intrigue policière, politique, justice… un grand oui !

L’auteur nous offre un roman complexe, que j’ai trouvé d’une écriture déroutante au début, le temps de s’y habituer. Quelques longueurs pour certaines descriptions à mon goût. Et de beaux passages poétiques. Mais une telle connaissance de la nature humaine dans toute sa noirceur! Le personnage du policier, lui même abjecte, arrive à s’indigner du comportement de ses supérieurs. C’est dire ! Sont abordés la religion, la vérité, l’ambition des hommes. Un livre crépusculaire, avec cependant une lueur finale et deux personnages attachants, qui nous montrent aussi que la nature humaine peut être belle .

Véritable trésor de la langue française, digne de la littérature classique, ce conte philosophique a force de métaphore du monde contemporain avec ses intolérances, ses exclusions, sa médisance et son conformisme. Une histoire souvent dure, mais tellement touchante et marquante !

Comment on manipule l’histoire pour qu’elle s’accorde à ce que l’on veut. Ici, le prétexte est l’assassinat du curé d’un village perdu aux confins d’un empire en perdition. A partir de là se met en place le mécanisme de destruction d’une communauté religieuse, en l’occurrence les musulmans. L’histoire est réécrite par les notables et les autorités judiciaires et religieuses pour assouvir une soif de vengeance et détourner les yeux de leur propre abjection. Même le policier chargé de l’enquête est régi par ses pulsions sexuelles et très vite il devient écœurant et antipathique. Ce n’est pas sans rappeler notre monde actuel qui détourne la vérité pour instaurer la sienne. On comprend très vite que c’est le départ d’une machination, mais on est bluffé par la fin. Cela n’est pas mon préféré de Claudel, loin de là. Moyen.

Un livre avec du vocabulaire, une syntaxe riche, presque déconcertante Un livre hybride entre polar d’une époque révolue dans un endroit oublié avec un policier abject et son adjoint, poèmes, et vision d’une certaine humanité passée et actuelle Un livre chiant au début mais plaisant et bouleversant finalement…