Les pionniers

On aime les histoires de colons qui ont fait l’Amérique. Des aventures et des vies difficiles pour tout recommencer à l’autre bout du monde.

On souffre, on vis, on survit avec ces pionniers, leurs illusions et leurs désillusions, leur ardeur désespérée qui est tellement éloignée de notre confort actuel. L’écriture est tantôt épique ou intime, parfois drôle mais toujours sensible. Les paysages, les odeurs sont restitués d’une manière unique

Les Pionniers, d’Ernest Haycox, est un ouvrage qui relate le périple de toute une caravane de pionniers, à savoir la fin de leur voyage du Missouri jusqu’à l’Oregon, ainsi que leur installation et leur première année de vie sur place. J’espérais, à travers cette lecture, retrouver tout le plaisir que j’avais pu éprouver lors de mes lectures d’ouvrages d’aventures épiques et sauvages du type Croc Blanc ou le Dernier des Mohicans. Malheureusement, je n’ai pas retrouvé ce souffle épique à la lecture du roman d’Ernest Haycox, alors même que les premiers chapitres, relatant la fin du voyage de la caravane allaient pourtant dans ce sens avec des passages descriptifs de grande qualité au service d’une ambiance digne des plus grands westerns. Dommage… Dommage qu’il n’y ait pas davantage d’écriture sur le périple de ces pionniers, car le roman, une fois les pionniers installés, devient très policé, presque un peu fade. On se laisse glisser tranquillement jusqu’à la fin en suivant les péripéties des différents personnages : est-ce que la route sera bientôt achevée, est-ce que nous aurons une bonne récolte, est ce que cette femme nouvellement veuve retrouvera un mari, est-ce que ces deux-là finiront par se marier… Ce n’est pas désagréable en soi, l’écriture est plaisante et si vous aimez ce type de romans qui font la part belle aux relations humaines, nul doute que vous apprécierez. Haycox est plein d’humanité et de bienveillance lorsqu’il décrit les Indiens et leurs traditions et est d’une modernité rare pour l’époque lorsqu’il dépeint la condition féminine. Ses personnages ont tous une véritable profondeur et on se prend volontiers à imaginer leur avenir ou à trépigner lorsque certains tergiversent et peinent à s’épanouir pleinement. J’ai en définitive apprécié cette lecture mais pas autant que j’aurais voulu et je regrette de ne pas avoir trouvé dans ce livre ce qui fait le sel des grands romans d’aventure. C’est essentiellement de ma faute, j’ai pris le roman pour ce qu’il n’était pas, trompé par les commentaires accrocheurs sur le dos de la couverture du livre… Ce n’est en rien la qualité de l’écriture qui fait défaut, mais essentiellement le contenu, pour ma part.