La disparition de Josef Mengele

La vie et la fin lamentable d'un criminel de guerre qui avait droit de vie et de mort sur des millions de victimes innocentes. Olivier Guez réalise un roman très bien documenté. Extrêmement intéressant à lire. Il met bien en avant, le rôle très équivoque des américains et des Allemands après la guerre. Les uns en fermant les yeux, le plus souvent par intérêt, et, les autres en voulant à tout prix oublier les années sombres de leur histoire. Ce qui m'étonne toujours dans cette histoire, c'est que jusqu'au bout, la plupart de ces criminels nazis n'ont jamais renoncé à leur idéologie délétère. Mengele ne fait pas exception à cette règle. Jusqu'à la fin il reste persuadé du bien-fondé des théories fantaisistes du 3em reich, et de la pertinence de ses actions pendant la 2em guerre mondiale. Jamais, il ne doute. Se remet en question. Émet le moindre regret. Et pourtant, Mengele faisait partie de la bonne société de l'époque puisque sa famille est issue de la grande bourgeoisie allemande. Et que de ce fait, Il avait reçu une solide éducation. Comme quoi la culture, l'éducation, le raffinement et l'intelligence ne sont absolument pas des remparts contre la barbarie et le fanatisme.

Une question me reste en tête après la lecture de ce roman : Mengele a t’il vraiment eu une vie lors de sa cavale ? Hormis quelques moments de plaisir, il semblerait que le parcours de ce criminel de guerre se résume à une descente aux enfers, à ses actes barbares qui lui reviennent sans cesse en mémoire. Et pourtant, on peut se demander s’il y eu conscience de la monstruosité de ses actes tant sa ligne de défense est incroyable ! La plume d’Olivier Guez est adaptée au sujet rendant la lecture captivante pour comprendre les années de cavale et comment cet homme a pu être soutenu malgré son parcours

Présenter sous forme romancée les années pendant lesquelles Mengele se cachait en Amérique latine est intéressant parce que l’auteur nous montre les complicités dont il a pu bénéficier comme tous les anciens nazis. Mais surtout c’est un Mengele pathétique qui nous est présenté, toujours traqué, toujours soucieux, qui peu à peu connaît une déchéance qu’on ne plaint pas.

On suit la cavale d’un tueur, en se mettant à sa place et on arrive à ne pas vouloir qu’il se fasse attraper... On arrive presque à avoir de l’empathie... très perturbant quand on se souvient de qui il est question...

À vrai dire, j'ai un peu de mal à comprendre le prix Renaudot accordé à ce livre. Non pas qu'il soit mal écrit ou bien que le sujet soit mal traité. Non. O. Guez fait ici œuvre utile, devoir de mémoire pour raconter la pitoyable cavale d'un criminel sans regret ni morale jusqu'à son dernier souffle... Le mode d'écriture n'a ici rien d'innovant. Guez construit son récit à la manière d'un Max Gallo racontant la vie d'un personnage historique à hauteur d'homme, en partant de son point de vue, de ses impressions et de ses pensées même. Et c'est réussi d'ailleurs. On se laisse happer, glacer parfois, par cette fuite désespérée... Mais je n'y vois cependant pas de quoi mériter pour autant un tel prix. Un très bon livre pour la mémoire donc. Et c'est déjà beaucoup.