Désorientale

Ce roman est instructif, émouvant et poignant ! Un bon dosage entre les flash back de l’enfance de la narratrice et le présent dans la salle d’attente d’un hôpital à Paris, entre autres. Le vrai plus, c’est qu’on en apprend beaucoup sur l’Iran. Mention spéciale aux notes de bas de pages pour aider contextualiser et à comprendre les moments/personnages historiques

Un livre remarquablement bien écrit, très agréable à lire. Ces aller-retours entre l’Iran d’hier et la salle d’attente d’un médecin de PMA à Paris aujourd’hui nous donnent avec beaucoup d’humour une idée du grand écart culturel que doit faire quelqu’une comme le personnage principal. Aucun excès, un constat. Magnifique

Une belle histoire bien racontée qui se déploie sur plusieurs générations et plusieurs pays comme de déploient souvent les histoires d’exils. La singularité de l’auteur nous transporte et nous fais vaciller par moment, jusqu’à ressentir cet exil que je n’ai pas connu. Voici quelques passages qui m’ont plu et qui feront peut être envie à certains d’entre vous d’entamer la lecture. “ je suis devenue, comme sans doute tous ceux qui ont quitté leur pays, une autre. Un être qui s’est traduit dans d’autres codes culturels. D’abord pour survivre, puis pour dépasser la survie et se forger un avenir. Et comme il est généralement admis que quelque chose se perd dans la traduction, il n’est pas surprenant que nous ayons désappris, du moins partiellement, ce que nous étions, pour faire de la place à ce que nous sommes devenus. » «Tandis que ces pensées défilaient dans ma tête, j’avais l’impression étouffante d’être coincée dans un couloir étroit avec deux portes de part et d’autres, à jamais condamnées. Derrière l’une se trouvait l’Iran de mon enfance et derrière l’autre la France de mes illusions. À ce moment-là, j’ignorais ce qu’une expérience traumatisante signifiait. » « En optant pour un alphabet turc latin, Atatürk avait délibérément coupé son peuple de ses racines ottomanes et islamiques, principales causes selon lui de son sous développement. Sara le déplorait. Aucune pensée moderniste ne justifiait selon Elle qu’on prive un peuple de son histoire, l’obligeant à porter sur ses richesses culturelles le regard égaré d’un touriste. Ses diatribes sur la perte de l’identité turque étaient une façon détournée de nous mettre en garde contre la nôtre. » « Voilà le drame de l’exil. Les choses comme les êtres existent , mais il faut faire semblant de vivre comme s’ils étaient morts*. » *Pardonne-moi, lecteur, si tu as l’impression d’avoir déjà lu cette phrase, mais je ne peux pas m’empêcher de l’écrire.

Désorientale de Negar Djavadi Tout d’abord j’aime le titre de ce livre. Je trouve ce mot très intéressant et tellement parlant ; et ce à double titre : - On devine immédiatement la définition de ce terme : quelqu’un qui essaie de ne plus être oriental, et c’est effectivement le cas de notre heroïne Kimiâ. Elle a quitté l’Iran à 10 ans et tente, comme elle peut, de devenir française en se « désorientalisant », en s’efforçant de laisser à distance son pays natal, ses parents, sa famille... sans grand succès. - de plus ce mot m’en évoque un autre : désorienter. C’est l’impression générale qui ressort de ce roman je trouve. Kimiâ est prise en tenaille entre ses deux cultures, elle est à la recherche de son identité pour se construire. D’ailleurs le livre m’a aussi désorientée, on passe en permanence du passé au présent, de l’Iran à la France. J’espère vous avoir donné envie de découvrir Kimiâ et son histoire romanesque et si orientale...

L'Iran nous offre là une grande autrice et un regard nostalgique et acéré, subtile alchimie entre Shéhérozade x Despentes.