Rouge impératrice

Très beau livre qui nous emporte dans un monde si loin et si proche à la fois. Je l’ai trouvé plein d’espoir et en un sens positif. Je l’ai trouvé engagé derrière ses airs d’utopie.

Un beau roman exigeant, ambitieux, qui prend à contre-pied les thématiques actuelles liées au conséquences du dérèglement climatique et les théories du grand remplacement. Le rythme est lent mais l'intrigue qui se noue à des accents poétiques et géopolitiques très intéressants.

J'ai lu ce roman dans le cadre d'un cours à l'université. L'écriture de Murano est intéressante, elle fait le choix de ne mettre aucun dialogue, et ne traduit pas les mots en français : choix épatant sachant qu'elle écrit en français et donc à l'intention des pays francophones. Cependant... Ce livre est décevant. Vendu comme une utopie panafricaine, je trouve qu'il agit plutôt d'une vision d'espoir mal portée. Cette utopie est juste un calque du modèle occidental qui échoue, qui est décrit dans le livre comme en train d'échouer, mais copié tout de même. De plus, les idées politiques ne sont pas véritablement détaillées : panafricanisme comment ? Pourquoi ? De quelle façon ? Pourquoi avoir choisi un souverain unique alors qu'il s'agit de l'alliance de nombreux pays ? Et cela n'est que le début. Ce livre est basé sur une vision heteronormée qui est juste totalement homophobe et misogyne : la femme n'existe que comme complément de l'homme et vice-versa, le seul personnage lesbien est diabolisé et mené à une existence minable, et hormis Boya, très peu de femmes ont un avenir radieux. Honnêtement, j'ai trouvé ce livre décevant par tout le potentiel gâché, malgré un très bon début et une bonne idée de fond.

Un des meilleurs livres que j’ai pu lire. Leonora Miano et « Rouge impératrice » font sévèrement concurrence à Albert Camus et « la peste » en tête de classement des écrits qui m’ont le plus toucher, bouleverser et interroger sur la condition humaine.

Leonora Miano sait raconter comme personne la relation au monde de personnages complexes, tant sur le plan spirituel que sensuel. L'histoire d'amour de Boya et Illunga est improbable mais magnifique et très riche. Le contexte dans lequel elle se tisse est très stimulant, il convoque l'histoire, la philosophie et la politique pour imaginer une Afrique unifiée faite de rêve et de contradictions, construite sur la violence du passé, l'espoir du meilleur et les fractures de soi-même. Un livre ambitieux et réussi, dont la longueur peut impressionner mais que j'ai trouvé plus facile à aborder que les 2 volumes de Crépuscule du tourment.