La plaisanterie

J'avais lu à mes débuts de jeune adulte L'Insoutenable Légèreté de l'Etre... J'avais refermé ce roman en me disant que Kundera était mon nouveau héros (à tel point que si j'avais eu un fils, je l'aurais appelé Milan !). Cette idée, sensation, ne m'a pas quittée pendant la quinzaine d'années qui s'écoula avant ma lecture de La Plaisanterie... Et au final, j'ai toujours au fond de mon âme cet amour de Kundera, de ses mots, ses sentiments... Mais je suis mitigée. Peut-être n'était ce pas le bon moment ! J'ai trouvé l'écriture parfois fastidieuse, trop vieillissante peut-être... L'histoire toujours compliquée quand on n'est pas un virtuose de l'époque... Pas mon meilleur partage avec le grand Kundera ! Mais quand même un roman que j'ai apprécié lire du début à la fin, et qui fait s'interroger, comme toujours avec Kundera, sur notre condition d'homme et sur nos sentiments...

Kundera dépeint à la fois une lutte et une histoire d’amour à travers différents personnages, une histoire qui ne captive pas forcément mais qu’il faut replacer dans son contexte (ce qui change pas mal la donne!) Et puis, l’intrigue est avant tout un prétexte à des réflexions presque philosophiques dans un style objectivement bon, mais que je trouve parfois trop extravagant.

Quel plaisir de se plonger dans les mots de Kundera. Immense génie ! Toujours l'impression d'entrer dans un film de Rohmer, c'est jubilatoire. Ce premier roman est d'une maturité incroyable et nous laisse des pistes de réflexion sur le sens de nos actes. Destin, juge et partie...une vie pour y penser

Entre regard sur l'Histoire, dans une histoire, et philosophie. La vie est-elle une farce ou certains d'entre nous en faisons-nous une farce, une plaisanterie? À en devenir nous-mêmes, plaisanterie dans la vie. La vie, elle, s'écoule. Nous croyons la dompter un temps, parfois la vie que nous croyons choisir (bien qu'à défaut) se rit de nous et fait de nous une farce dans la farce. N'est-ce pas ça aussi la légèreté première ? L'anti-héroisme, et cette vie finalement dépouillée de tout, si ce n'est de son essence première (nous hommes et femmes de passage, empreintes variées et communes de ce monde au sens large, dans divers contextes) que j'aime tant chez Camus ou Modiano, a toute sa splendeur chez Kundera. Texte parfois rude, parfois d'une extrême douceur, tendre et acide à la fois, cru, mais empreint d'une vérité universelle.