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Longtemps freinée par le personnage médiatique, enfin de ce que les médias en faisaient, parce qu'un Bukowski français ne pouvait que m'attirer normalement, j'ai remis à plus tard la lecture de Houellebecq. Et pour une première tentative j'ai été ravie ! J'adore sa plume, ses personnages, des gens simples qui prennent un jour les décisions qui peuvent tout changer, en bien comme en mal, sans s'encombrer d'états d'âme, libérant des instincts que la société emprisonne (pour le bien du plus grand nombre... ou pas?). Quelle violence dans ce texte ! Quel effet dérangeant tout au long de ma lecture ! J'adore être dérangée de la sorte par mes lectures !

Je viens à peine de terminer cette œuvre (ma toute première expérience Houellebecq), ai-je fait un choix judicieux ? Je n’en sais rien. Encore un peu sous le choc, donc à court d’arguments, d’analyses, d’impressions. Il est juste évident que cet auteur est à la hauteur de sa réputation, un génie suscitant la polémique maudite. Les 50 dernières pages prennent tout leur sens et mettent le feu aux poudres. Cette poudre est un cumul de perversions, de tendances sexuellement libertines, jouant même sur l’outrance. En parallèle, un sens des affaires dépourvu (ou pas ?!) d’humanité et de réflexions politiques. Le sens moral des sociétés, des cultures, des tabous est Le noyaux de ce thème traité par un Houellebecq incroyablement renseigné. Voilà, c’est tout ce que je peux dire, je ne sais pas si mon raisonnement est bien ou pas, je me sens complètement dépassé, même encore un peu chamboulé donc, je vais m’assoir à même le sol de ma piaule, m’adosser contre un mur et me balancer d’avant en arrière et tenter de digérer ce trauma...

Ce livre est sombre. Tourisme sexuel, viol collectif dans le RER, tiertiarisation, débauche, violence, capitalisme poussé à son paroxysme, prostitution, tous ces thèmes sont traités dans ce livre. Nous y suivons Michel, quarantenaire héritant d'une grande somme après la mort de son père, qui décide de partir en voyage touristique en Thaïlande. Il couche avec des Thaïlandaises et commence à développer des thèses sur les causes du tourisme sexuel. Sa rencontre avec Valérie lui ouvrira les yeux. Ce roman est aussi un essai sur la décadence occidentale où les Européens sont présentés comme ayant l'argent mais pas le sexe, et les habitants du Tiers Monde ont un corps mais pas d'argent. Nait alors une union : le tourisme sexuel. Ce roman est clairement la "suite" de la pensée Houellebecquienne, ébauchée dans Extension du domaine de la lutte et développée dans Les Particules Élémentaires. L'auteur critique grandement le capitalisme excessif, celui de la tiertiarisation et du divertissement. Comme d'habitude, ce roman est choquant, violent et sombre. Mais derrière tout cela, je constate un grand humanisme à travers le personnage de Valérie qui est une lueur dans cet enchaînement d'horreurs. En tant qu'Européens, nous ne pouvons nier ce constat de notre décadence. Lisez donc ce roman, où Houellebecq est à la fois clairvoyant, révélateur mais surtout visionnaire.

Un personnage principal qui comme d'habitude avec Houellebecq, lui ressemble dans une certaine mesure (type à l'aise financièrement, perspicace, désabusé et encore malgré tout émotif) la découverte du tourisme moderne en Thaïlande à travers les yeux de l'auteur, beaucoup de scènes érotiques détaillées et un constat froid des rapports entre l'Occident et l'Asie, entre les hommes et les femmes. Le personnage principal est touchant mais sait aussi révéler ses parts sombres, il fuit les souvenirs d'une famille qu'il ne connaît pas vraiment et une belle histoire d'amour l'attend et une vie loin d'une France qui commence déjà (le roman se passe dans la fin des années 80-début 2000) à dégénérer d'un point de vue sécuritaire. Une belle histoire d'amour et des constats sociologiques encore d'actualité.

Un livre de Houellebecq, c’est toujours très particulier… soit on déteste, soit on adore . Personnellement, j’adore . Écriture provoquante et souvent crue mais tellement drôle ! Derrière ses saillies littéraires, Houellebecq dénonce avec force et efficacité nos travers occidentaux. Un Gainsbourg ou un Depardieu de la littérature ou rien n’est décrit avec fortes précautions… ici , on appelle un chat un chat ! Ça fait du bien 🙂