Anéantir

Parmi les livres que j'ai pu lire de Houelbecq, ce n'est peut être pas le meilleur mais c'est probablement le plus humain. Gros roman, plus de 700 pages (qualité d'impression, de reliure et confort de lecture remarquables), cela permet à l'auteur de développer, à son rythme, la vie son protagoniste, Paul, conseiller du ministre de l'économie. Plusieurs thèmes sont abordés de manière transversale, attentats, campagne présidentielle, arcane du monde politique. Mais ils ne sont que des satellites du cœur du Roman : la maladie, la dépendance, la déchéance physique (expliquant peut être le choix du titre) et finalement la solitude qui les entourent: celle des personnes touchées mais aussi celle de l'entourage. Comme toujours avec Houelbecq c'est intelligent, souvent cru, parfois inconvenant mais ça n'en est que plus proche de la vie. Sa façon de mettre en exergue nos paroles futiles, convenues, les travers de notre société reste pour moi le principal atout des livres de Houelbecq.

Attention ⚠️ histoire triste et pessimiste. Ce roman est centré sur la fin de vie, la déchéance de la vieillesse, les relations intra familiales complexes. Et ceci mis en scène dans le milieu politique français et international, terrorisme notamment. On retrouve les thèmes de prédictions de l’auteur, avec son style a lui. On peut trouver le livre long et très détaillé voir trop, mais quand on est un inconditionnel de l’auteur, on ne demande que ca. Pour être honnête je n’ai pas tous saisis, ses rêves, les motivations des terroristes , mais j’en fais abstraction et ne retiens que la magie de l’écriture de Houellebecq.

Personnages attachants, et fin totalement inattendu pour ma part. Le sujet est assez lourd mais il mets bien en avant certaines valeurs oublié. Le récit tranche avec ses romans précédent, il est aussi moins de passage vulgaire. J'ai vraiment aimé et lu rapidement.

Il y a peu d'auteur capable de décrire avec génie la réalité de notre société. Je comprends qu'on puisse s'ennuyer à lire un tel roman puisque la terrifiante réalité de la maladie, de la mort est tellement proche de nous qu'on ne veut surtout pas la voir. Mais Houellebecq n'a pas peur d'y penser et d'en faire un roman. Certains lisent pour tuer le temps, pour se divertir mais les lecteurs de Houellebecq ne recherche pas un divertissement, il partent en quête d'une littérature témoignage de notre époque, profondément ancré dans le réel. Et notre cher Houellebecq a réussi.

Sur plus de 700 pages s'étalent la société post-moderne, les travers d'un monde politique à peine caricaturé, la version contemporaine de la famille, de l'amour, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, de la religion - catholique surtout - avec en arrière-fond une intrigue terroriste bien originale. Une fresque à dévorer d'un seul coup, d'un seul - on ne peut guère faire autrement tant les éléments du roman nous renvoient le reflet de notre réalité, déformée de façon minime pour les besoins de la cause.