D'or et d'oreillers

Mayalen Goust, illustratrice déjà de la fabuleuse couverture du roman de Flore Vesco, l'adapte ici en Bd avec son style et ses couleurs envoûtantes. Réécriture de la Princesse au petit pois, cet album nous fait passer du jeu à la séduction, de l'inquiétude à la terreur. C'est un condensé d'émotions fortes, pas tout à fait un conte de fées...

J’étais déjà fan du roman de Flore Vesco, alors quand j’ai aperçu cette adaptation en roman graphique, j’ai replongé avec envie dans cette réécriture magnifique du conte de la Princesse au petit pois. Réécriture parce que l’autrice nous offre ici une version où la figure masculine est reléguée au second plan, pour laisser le champ libre à deux figures fortes qui s’affrontent : l’anti princesse déterminée et la mère morcelée. C’est beau, sensuel et sensé. On nous y parle d’amour, de passion, d’inégalités sociales, de courage et de magie… un magnifique objet, dont certaines planches sont si fascinantes qu’on aimerait y plonger, pour une superbe histoire que je relirais avec plaisir et que je recommande à ceux qui connaissent déjà l’histoire, ainsi qu’à ceux qui souhaiteraient la découvrir. 5/5 ✨

Tu ne dois rien à personne. Tu fais ce que t’as à faire, dans l’ombre. Tu laisses les vies autour de toi, celles qui ne t’intéressent pas et qui sont trop éloignées, mais tu ne fais chier personne. Puis un jour l’inopiné surgit, mais tout autour hurle que tu n’as pas le droit, qu’il faut que tu la fermes, que ce n’est qu’un mirage. Reste à ta place. Comme Seraphine dans D'or et d’oreillers, qui entend parler de ce fameux gars plein aux as qui cherche à prendre épouse, mais la comparaison avec Cendrillon s’arrête vite. Déjà parce qu’on est loin d'avoir affaire à une héroïne qui se conforme aux attentes. Elle est indépendante. Vive. Intelligente. Elle sait ce qu'elle veut et est prête à se battre pour. Dans ce conte féministe, si tout commence avec un joli passage sur le consentement et sur tout ce qui impose aux femmes de se soumettre au désir de l'autre, c'est surtout l'égalité des genres qui est mise en avant. L'intelligence, la fougue, la sexualité et l'autonomie ne sont masculins que chez Perrault. Flore Vesco et Mayalen Goust jouent avec ce genre littéraire de la même manière : en se moquant de lui. Elles termineront sur un pied de nez supplémentaire aux normes sociales en envoyant bien loin le happy end salvateur du mariage, et en le remplaçant par un choix de vie où c'est elle qui restera libre. Lui sera libéré de tout ce qui le retenait et c'est bien suffisant. Les dessins et couleurs sont sublimes, dans les mouvements, les tons, l'énergie qui semble sortir des personnages. Et puis il y a la colère, hein. Celle qui permet de lutter contre la résignation. Celle qui arrive lorsqu'on nous a trop dit ce qu'on devait faire. Elle est saine parfois. Pas forcément juste ni sans conséquence, mais lorsque personne n'écoute, à un moment, ça suffit. À lire sans chercher à se calmer.

Une réécriture du conte de la princesse aux petits pois mêlant fantasmagorie, sensualité et horreur!

Les graphismes sont absolument MA-GNI-FIQUES!!! J'ai lu le roman et je trouve le rendu graphique assez incroyable. Le côté mystérieux, sensuel et un peu glauque est vraiment fidèle. C'est une réussite pour moi!